Kenya : un rapport révèle comment les violences sexuelles et genrées compromettent les élections

Yasuyoshi Chiba / AFP

Nairobi - Paris, 18 janvier 2022. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et son organisation membre au Kenya, publient aujourd’hui un rapport analysant les violences sexuelles et basées sur le genre perpétrées contre les femmes comme une tendance au Kenya durant les élections et appellent à des actions préventives immédiates de la part de l’État en vue des prochaines élections générales de 2022.

Lors d’un événement de haut niveau organisé aujourd’hui à Nairobi, au Kenya, la FIDH et KHRC publient un rapport conjoint intitulé : "Les violences sexuelles comme instrument politique durant les élections au Kenya. Mesures à prendre par l’État avant le scrutin de 2022". Des acteurs clés, dont des représentants de la Commission indépendante électorale (Independent Elections Boundaries Commission - IEBC), de la Commission pour le genre et l’égalité (Gender and Equality Commission - NGEC), du Conseil national de l’administration de la justice (National Council on the Administration of Justice - NCAJ), de l’Autorité indépendante de surveillance de la police (Independent Policing Oversight Authority - IPOA), ainsi qu’une survivante des violences post-électorales de 2007/2008, sont réuni-e-s pour discuter des violences sexuelles basées sur le genre pendant les élections en vue de prévenir leur récurrence lors des prochaines élections.

Avec ce nouveau rapport sur les violences sexuelles et basées sur le genre (VSGB) liées aux élections au Kenya, la FIDH et KHRC entendent mettre l’accent sur la dimension genrée des violences perpétrées contre les femmes lors des élections, afin de prévenir leur résurgence en 2022.

Ce rapport est basé sur des missions d’enquête et une analyse approfondie des VSBG commises lors des dernières élections générales de 2017 dans trois bastions de l’opposition, à savoir les comtés de Migori, Vihiga et Kisumu.

En outre, le rapport met en lumière des témoignages de survivantes et souligne l’impact significatif des VSBG sur leur vie et celle de leur famille. Le rapport expose par ailleurs les modèles de violences sexuelles liées aux élections au Kenya à l’encontre des femmes, y compris les viols collectifs perpétrés par les forces de sécurité, et démontre que l’impunité prévaut toujours pour les auteurs de tels actes. En effet, malgré certaines mesures prises par l’État, il reste des défis à relever en matière de prévention, de protection, d’enquête et de réparation des VSBG perpétrées contre les femmes au Kenya.

"Les violences sexuelles et basées sur le genre commises pendant les élections ont des conséquences désastreuses, multiples et spécifiques sur les survivant-e-s, qui, si elles ne sont pas traitées, s’aggravent avec le temps, et ont un impact sur les élections suivantes, affectant alors la participation des femmes aux processus électoraux."

déclare Davis Malombe, Directeur exécutif de KHRC.

La dimension genrée de la violence politique au Kenya constitue un facteur de risque majeur pour la perpétration de VSBG en période électorale. Le rapport fournit une évaluation complète des risques en vue des prochaines élections générales de 2022 et présente une série de recommandations visant à prévenir toute résurgence des VSBG perpétrées en contexte électoral.

"À moins d’un an des prochaines élections, des mesures doivent être prises immédiatement par l’État, en coordination avec la société civile, pour contrer les VSBG, s’attaquer à leurs causes profondes et produire des impacts durables."

déclare Sheila Nabachwa, Vice-présidente de la FIDH.

Précisément, les deux organisations recommandent que :

• Le pouvoir judiciaire accélère le traitement de toutes les affaires en cours pour les victimes d’injustices électorales dans les six prochains mois ;

• Le bureau du Directeur des poursuites publiques (ODPP) élabore des directives pour améliorer les enquêtes sur les infractions électorales pendant le cycle électoral ;

• La Commission indépendante électorale (IEBC) et d’autres organismes publics qui réglementent la sécurité et l’environnement électoraux promeuvent des élections libres, équitables et crédibles - dont l’absence est souvent à l’origine de conflits électoraux qui conduisent à la suppression des plaignants pour fraude électorale. Ces agences doivent faire respecter les droits humains et mener des enquêtes ainsi que des poursuites efficaces contre les infractions et les délinquants électoraux ;

• Les services de police kényans et tous les partis politiques protègent les femmes contre toutes les formes de violence politique en garantissant un environnement électoral sûr pour l’exercice de leurs droits politiques.

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