Citoyen belge et djiboutien, Moustapha Ahmed Ali est le secrétaire général de la fédération du Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD) en Belgique et coordinateur du mouvement politique en Europe. Actuellement en exil en Belgique, il se rendait à Djibouti pour voir sa famille. Arrêté à sa descente d’avion, Moustapha Ahmed Ali est toujours en détention, malgré le délai légal de 48 heures.
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et la Ligue djiboutienne des droits de l’Homme (LDDH) s’inquiètent de cette détention arbitraire : aucune explication n’a été donnée pour justifier la détention de Moustapha Ahmed Ali. Par ailleurs, en violation du Code de procédure pénale djiboutien, il n’a accès ni à un·e avocat·e, ni à un médecin et sa famille ne peut, depuis quatre jours, lui rendre visite. Tout laisse penser à une détention pour des motifs politiques. L’instrumentalisation de la justice par le régime pour régler ses comptes politiques témoigne des atteintes constantes à la séparation des pouvoirs.
L’absence de pluralité politique et de liberté d’expression à Djibouti doivent interpeller. La FIDH et la LDDH avaient déjà dénoncé les menaces à l’égard des partis d’opposition et des menaces constantes auxquels ils font face. En 2008, le MRD a été dissous par décret présidentiel. Malgré la décision de 2020 du Comité des Nations unies pour les droits de l’homme, exigeant l’annulation de ce décret, le pouvoir en place empêche toujours le ré-enregistrement du parti. Les autorités empêchent ainsi à ses membres le libre exercice de leur activité politique à Djibouti.
Le mois dernier, l’arrestation et l’expulsion du vice-président de la FIDH, qui avait été l’avocat du MRD pour cette procédure devant l’instance onusienne, en mission pour la FIDH afin de faire un état des lieux de la situation des défenseur·es des droits humains dans le pays, témoigne du mépris des autorités pour le respect du droit international des droits humains et d’une volonté de restreindre les droits et libertés fondamentaux.
La Fédération internationale pour les droits humains et la Ligue djiboutienne des droits humains alertent une nouvelle fois sur le non-respect des principes de l’état de droit, de pluralité démocratique et des droits humains de la part du régime de Djibouti.
Face à cette situation, nos organisations demandent aux autorités djiboutiennes de :
– libérer Moustapha Ahmed Ali, coordinateur du Mouvement pour le Renouveau Démocratique et le Développement (MRD), dont la détention arbitraire dure depuis le jeudi 13 avril 2023 ;
– mettre fin aux atteintes aux droits et libertés fondamentaux dans le pays ;
– exécuter la décision du Comité des Nations unies pour les droits de l’homme concernant le Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD) et son président ;
– respecter les principes et règles démocratiques, notamment la garantie de la séparation constitutionnelle des pouvoirs et la fin de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.