Pour la première fois depuis près de dix ans, les partis politiques de l’opposition djiboutienne ont décidé de prendre part aux élections législatives. Réunis depuis un mois au sein de l’Union pour le salut national (USN), plusieurs de leurs représentants ont, depuis lors, eu à faire face à des arrestations et détentions arbitraires, actes de harcèlement et autres formes d’intimidation. Depuis son retour d’exil le 13 janvier 2013, Daher Ahmed Farah, Président du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (MRD), et porte parole de l’USN a été arrêté à quatre reprises. Le 6 février 2013, près de 300 personnes venues manifester devant le Tribunal de Première Instance de Djibouti pour demander sa libération ont été arrêtées par les services de police avant d’être relâchées le même jour. Au moins 5 d’entre elles sont restées en détention pendant deux jours. Le 15 février, ce sont trois autres hauts représentants de l’USN, Guirreh Meidal, Abdourahman Barkat God et Abdourahman Bachir qui étaient arrêtés et auditionnés par la police avant d’être libérés.
« Ces arrestations en cascade, souvent non motivées légalement, jettent le discrédit sur la volonté des autorités djiboutiennes de permettre toute forme de pluralisme politique. À l’approche des législatives, il est impératif qu’elles mettent un terme aux actes d’intimidation et qu’elles garantissent aux populations de pouvoir se rendre aux urnes sans craindre de représailles » a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.
Depuis plus de dix ans, les opposants, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains et les citoyens subissent une répression continue à Djibouti, qui s’intensifie à l’approche de chaque élection. Lors de la présidentielle d’avril 2011, le bilan de cette répression a été le plus lourd de toute l’histoire du pays : plusieurs dizaines de jeunes manifestants tués, des centaines d’autres arrêtés et détenus durant des mois. « La situation d’aujourd’hui n’est malheureusement pas sans rappeler le contexte dans lequel se sont déroulés les scrutins de 2008 et 2011. La communauté internationale ne doit plus rester silencieuse face à ce déni de démocratie » a déclaré la LDDH.
La FIDH et la LDDH appellent les autorités djiboutiennes à prendre toutes les mesures nécessaire pour s’assurer du respect des dispositions de la Constitution djiboutienne, de la loi électorale de 1992, de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples ou encore du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui garantissent l’organisation de scrutins libres, justes et transparents. Nos organisations appellent par ailleurs la communauté internationale, et en particulier l’Union africaine (UA), la Ligue des États arabes (LEA), l’Organisation de la conférence islamique (OCI), et l’Autorité intergouvenementale pour le développement (IGAD) dont des observateurs électoraux sont dépêchés dans le pays ; la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples, qui entame aujourd’hui sa 13ème session extraordinaire ; les Nations Unies et l’Union européenne à :
– dénoncer les pratiques contraires aux droits humains du pouvoir djiboutien particulièrement dans le contexte pré-électoral actuel ;
– se prononcer sur les conditions d’exercice du vote et la validité du scrutin ;
– rappeler les autorités djiboutiennes à se conformer à leurs engagements régionaux et internationaux.