La FIDH à l’office des Nations unies à Genève
Par nature, le fonctionnement des organisations intergouvernementales est une matière complexe. Au sujet des droits humains, elle implique de faire converger les vues d’États dont les intérêts sont parfois contraires. Pour autant, en faisant participer la société civile à la production des décisions et du droit par les instances internationales, la FIDH remplit une mission essentielle.
Guider les défenseur·es des droits humains à l’ONU
La FIDH dispose d’une présence physique à Genève qui agit en tant que relais de son réseau de 188 organisations membres. Au travers de cette implantation, la FIDH dispose d’une connaissance fine des mécanismes de protection des droits humains à l’ONU. Nous avons ainsi pu tisser un solide réseau de contacts au sein de l’instance internationale, mais aussi auprès des diplomates chargé·es de négocier l’adoption de nouveaux mandats. La FIDH guide ainsi chaque année des défenseur·es de droits humains auprès des bon·nes interlocuteur·ices, dans les organes onusiens dédiés aux droits humains.
Les organes de protection des droits humains de l’ONU visent à promouvoir, assister, protéger, les défenseur·es des droits humains. Ils permettent aussi d’ouvrir des enquêtes sur des violations en cours ou de suivre leur évolution. La FIDH sert donc d’intermédiaire et de guide à celles et ceux qui luttent sur le terrain pour la protection des droits humains, et permet une interaction efficace entre ses partenaires et les divers organes de l’ONU.
La FIDH dispose par ailleurs d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC). Cette position lui permet de faire entendre ses organisations membres auprès du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. La cause des défenseur·es des droits et des victimes peut ainsi être entendue par les 47 États membres, qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits humains autour du globe.
Les bons arguments au service des droits humains
Le plaidoyer, à quoi ça sert ? Forte de son expérience et de son implantation, la délégation à Genève de la FIDH aide aussi les défenseur·es des droits humains à trouver les meilleurs arguments pour se faire entendre, par son activité de plaidoyer. Elle permet d’abord à la FIDH d’informer directement les organes de protection des droits humains et les diplomates des violations en cours de l’évolution de situations sous surveillance. Le plaidoyer vise également à influer sur les décisions qui sont prises par le Conseil des droits de l’homme concernant des pays ou thématiques spécifiques, au sujet de mandats et de missions concernant les droits humains.
Le plaidoyer, comment on fait ? Concrètement, ce travail de plaidoyer se fonde d’abord sur des négociations et des rencontres informelles entre les représentant·es des ONG physiquement présent·es dans les institutions ou en ligne depuis la pandémie, et les représentant·es des États basés à Genève. Ceci permet la transmission d’argumentaires écrits (lettres aux États et aux institutions onusiennes, notes de plaidoyer, notes de position, rapports…). Mais le plaidoyer passe aussi par des prises de paroles lors de briefings auprès d’expert·es onusien·nes, ou d’interventions devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ceci ponctue le travail de contact et de plaidoyer régulier que la délégation de la FIDH assure par ailleurs auprès des expert·es et diplomates du monde entier.
Faire un plaidoyer auprès de qui ?
• Auprès d’un organe politique :
Le Conseil des droits de l’homme : Comportant 47 États membres depuis 2006, il tient trois sessions régulières annuelles. Le Conseil peut diligenter des commissions d’enquêtes, des missions de documentations sur le terrain, établir des procédures spéciales enquêtant sur des thématiques ou des pays spécifiques, pouvant interpeller les États sur leur bilan en matière de droits humains et leur adresser des recommandations. Le Conseil observe et évalue également l’implication de chaque État membre à respecter les engagements pris en matière de droits humains lors de l’examen périodique universel.
• Auprès des organes de traités
Ils se composent de 10 comités d’expert·es indépendant·es qui suivent la manière avec laquelle chaque État les ayant ratifiées met en œuvre chacune des 10 conventions internationales de protection des droits humains. Contrairement aux autres mécanismes de protection des droits humains, ces conventions ont l’avantage de créer des obligations légales pour les États. Chaque État partie soumet un rapport sur la manière avec laquelle il a mis en œuvre ses obligations ; les expert·es des organes des traités les analysent, à l’aune, notamment, d’informations fournies par des ONG et interrogent les États sur leur bilan. Il en résulte une liste de conclusions et recommandations visant un pays, qui explicitent en quoi l’État en question doit progresser en matière de droits humains. C’est donc une opportunité unique pour les ONG locales, en ce qu’elle permet une analyse par des expert·es indépendant·es, de la situation des droits humains dans leurs pays.
• Auprès des procédures spéciales :
Elles se composent d’une autre série d’expert·es des droits humains ou de groupes indépendants, une soixantaine cette fois, qui font un travail de veille sur un pays ou une thématique particulière. Elles et ils mènent des enquêtes sur le terrain, interpellent les États sur des violations qu’elles et ils ont pu constater et font rapport de leurs analyses au Conseil des droits de l’homme et/ou à l’Assemblée générale des Nations unies. Les ONG et les individus peuvent soumettre des informations et demander à ces expert·es et groupes indépendants d’y donner suite, charge à elles et eux de décider de le faire ou non.
• Lors de l’examen périodique universel
Un autre mécanisme, établi par le Conseil des droits de l’homme est l’examen périodique universel, une revue de chaque État membre des Nations unies par les États réunis au Conseil. En se basant sur le rapport de l’État concerné, des conclusions des organes des traités et procédures spéciales, ainsi que des rapports d’ONG, les États membres du Conseil adressent des questions et recommandations a l’État sous examen. Moins précis juridiquement que les analyses portées par les organes des traités ou procédures spéciales, cet examen est plus politique, puisque l’évaluation est faite par des diplomaties des États y participant. ONG et groupes issus de la société civile peuvent y jouer un rôle déterminant en apportant des preuves de violations, des recommandations, en soulevant des questions. Il a la réputation de manquer d’ambition, puisque les recommandations produites sont soumises à approbation de l’État concerné. Dans certaines situations, il reste néanmoins l’un des seuls moyens de porter un problème de droits humains national à l’attention de la communauté internationale.
• Le bureau du Haut commissariat aux droits de l’homme
C’est un acteur clé au siège des Nations unies et sur le terrain en matière de droits humains, et un tremplin essentiel de plaidoyer. À Genève, il assiste le Conseil des droits de l’homme dans la promotion et la protection des droits et des libertés fondamentales. Il se réfère dans ce but à la Charte des Nations unies, à la Déclaration universelle des droits de l’homme, aux conventions internationales relatives aux droits de l’homme et aux résolutions pertinentes adoptées par les organes onusiens. Il fournit des services de secrétariat, des recherches et des publications, ainsi qu’une assistance technique en fonction des besoins. Il collecte et diffuse également des informations, et coordonne la liaison avec les ONG et autres parties prenantes.
En 2021, la délégation de la FIDH à Genève s’est focalisée notamment sur les pays suivants : Bélarus, Burundi, Cambodge, Chine, Égypte, Mali, Myanmar, Nicaragua, Palestine, Russie, Soudan, Turquie et Venezuela. Elle a suivi également les thématiques suivantes : la situation des défenseur·es des droits humains, l’élaboration de normes encadrant les entreprises en matière de droits humains, et la poursuite de la reconnaissance du droit à un environnement sain, ou des impacts des changements climatiques sur les droits humains.