La FIDH s’insurge contre les condamnations de prisonniers politiques et exige leur libération immédiate

07/02/2022
Déclaration
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Paris, 7 février 2022 – La FIDH s’insurge contre les jugements sommaires, arbitraires et les condamnations illégales de prisonniers politiques détenus depuis mai 2021 au Nicaragua et exige la libération immédiate des 167 personnes victimes de la répression dans ce pays.

Ces condamnations visent uniquement à criminaliser l’exercice des droits civils et politiques comme la liberté d’expression et la défense des droits humains. Le 1er février, Yaser Vado et Yader Parajon – dont le frère a été assassiné lors des manifestations de 2018 – ont été poursuivis et condamnés. Le 2 février, Ana Margarita Vigil, avocate et défenseure des droits humains reconnue, a été jugée et condamnée. Le 3 février, ce fut au tour de Dora Maria Tellez, dirigeante de la révolution sandiniste, et de Lesther Alemán, leader étudiant lors des manifestations de 2018, d’être condamnés. Le 4 février c’est le journaliste Miguel Mora, ancien candidat à la présidence, qui est condamné. Toutes ces personnes ont été arrêtées de façon arbitraire et condamnées pour le même chef d’accusation relevant du « complot visant à porter atteinte à l’intégrité nationale au détriment de l’État du Nicaragua et de la société nicaraguayenne ».

Ces procès sont illégaux et ne respectent pas les normes réglementaires : ils se déroulent dans des enceintes policières hautement militarisées et non dans un tribunal comme l’exige la loi. Ils enfreignent de façon flagrante le droit à la défense, les avocats n’ont pas accès aux dossiers et ne peuvent pas s’entretenir librement avec les détenu·es. Les audiences se déroulent à huis clos, seul est admis un membre de la famille. Les charges retenues ne reposent sur aucun fondement juridique ni factuel, l’État s’abrite derrière des lois arbitraires, et de hauts fonctionnaires – y compris Daniel Ortega – bafouent lors de déclarations publiques, le droit à la présomption d’innocence des détenu·es.

La FIDH tient à rappeler que, selon les chiffres fournis par la CIDH, 1614 personnes ont été arrêtées dans le cadre de la répression systématique exercée depuis avril 2018. La loi d’Amnistie avait permis la libération de la plupart d’entre elles, mais certaines ont été arrêtées pour la deuxième fois et actuellement il y a 167 prisonniers politiques – hommes et femmes – au Nicaragua. Dans son rapport sur « Les nouvelles lois de la répression » publié en novembre 2021 dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, la FIDH dénonce le nouvel arsenal répressif mis en place par le gouvernement du Nicaragua pour asphyxier la société civile. Depuis mai 2021, 43 défenseurs des droits humains et opposants politiques (femmes et hommes) ont été arrêtés, parmi eux 7 personnes qui avaient manifesté leur intention d’être candidat·es à la présidence. Ces personnes sont détenues dans des conditions constitutives de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants contraires au droit international des droits humains que l’État du Nicaragua se doit de respecter.

La FIDH exhorte les autorités du Nicaragua à mettre fin à tous ces procès politiques, à cesser toute forme d’attaque et de harcèlement des prisonniers politiques et à procéder immédiatement à leur libération.

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