Négociations sur l’agriculture : l’OMC doit reconnaître le droit à l’alimentation

Plusieurs millions d’agriculteurs dans le monde ont vu leur revenu chuter en dessous du seuil de pauvreté ces dix dernières années. Un très grand nombre d’entre eux meurent de faim. Ils ont souvent été forcés de quitter leur terre, et ce en raison des importations de produits agricoles massivement subventionnés par les pays développés. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), plus de ¾ des personnes vivant avec moins d’un dollar par jour sont des agriculteurs (approximativement 900 millions de personnes dans le monde). La majorité d’entre eux sont des femmes.

Cette situation alarmante est intimement liée aux politiques agricoles menées par les membres puissants de l’OMC, et ont un effet désastreux sur la vie de millions de pauvres à travers le monde ainsi que sur leur capacité à survivre.

Ces politiques sont en conflit avec les obligations des États membres de l’OMC en matière de promotion et protection des droits humains, notamment celles découlant du Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. Parmi les 146 membres de l’OMC, 116 États ont ratifié ce Pacte. A ce titre, ils ont l’obligation de prendre des mesures progressives, y compris l’adoption de mesures législatives, en vue de la réalisation du droit à l’alimentation.

En 1993, lors de la Conférence de Vienne sur les Droits de l’Homme, 171 gouvernements - présents pour la plupart aujourd’hui à Cancun- ont proclamé d’une seule voix que la promotion et la protection des droits humains constituent la première responsabilité des gouvernements. Le processus en cours aujourd’hui à l’OMC menace ce consensus.

Les États membres de l’OMC se sont engagés dans la Déclaration de Doha à donner priorité au développement et à tenir compte de la sécurité alimentaire ainsi que de la garantie des moyens d’existence en milieu rural (rural livelihoods). Ces intentions sont restées lettre morte et leurs obligations en matière de droits humains n’y ont rien changé.

Pourtant, les droits humains sont indispensables nécessaires à la formulation de politiques commerciales équitables, durables et justes. A cet égard, il est impératif que les membres de l’OMC prennent en compte leurs obligations en matière de promotion et de protection des droits humains dans les négociations d’accords commerciaux. Une telle approche comprend notamment le suivi et l’évaluation de tels accords sur les droits humains, et ce sur la base d’indicateurs intégrant la discrimination de genre ainsi que toute autre forme d’inégalité.

Tout accord portant sur l’agriculture à Cancun ne prenant pas en compte de manière significative et substantielle le droit à l’alimentation sera, de fait, fondamentalement déficient et aggravera incontestablement la situation de crise à laquelle sont confrontés les petits agriculteurs à travers le monde.

Pour signer cette déclaration, veuillez contacter Diana au 998 120 9298 ou Gertrude au 998-120-3605 (Téléphones portables à Cancun)

Signataires

Droits et démocratie
Jean Louis Roy

FIAN International
Renate Shuessler

Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
Marie Guiraud

International NGO Committee on Human Rights in Trade and Investment (INCHRITI)
Minar Pimple

World Organisation against Torture (OMCT)
Nathalie Mivelaz

Canada Tibet Committee
Canadian Environmental Law Association (CELA)
Centro de Derechos Humanos y Medios Ambiante (CEDHA)
CLADEM - Latin American and Caribbean Committee for the Defense of Women’s Rights
Grantmakers without Borders
Housing and Land Rights Committee (HIC-HLRC)
Human Rights in China (HRIC)
Margarita Y Titi Figueroa
Peoples Movement for Human Rights Education (PDHRE)
Youth for Unity and Voluntary Action (YUVA)

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