Égypte : libérez Ahmed Douma !

13/12/2022
Déclaration
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AFP

13 décembre 2022. Le militant égyptien Ahmed Douma est entré dans sa 10e année de détention arbitraire le 3 décembre 2022. Malgré sa résilience qu’il convoque dans sa poésie, sa santé n’a eu de cesse de se détériorer en raison de tous les mauvais traitements qu’il endure. Une vingtaine d’organisations, groupes et individus demandent instamment aux autorités égyptiennes de libérer immédiatement Ahmed Douma et toutes les personnes détenues arbitrairement en Égypte.

Ahmed Douma est un poète, écrivain et militant égyptien persécuté en raison de son militantisme politique et de son rôle de premier plan dans la révolution du 25 janvier 2011, ainsi que pour ses critiques virulentes des gouvernements égyptiens successifs. Au cours de ses longues années d’emprisonnement et malgré de sévères restrictions, Ahmed Douma a continué à écrire sur ses expériences, ses rêves et ses aspirations. Son recueil de poésie Curly a été imprimé et publié lors de la Foire internationale du livre du Caire 2021, avant que les responsables de la sécurité obligent la maison d’édition à le retirer.

Un récit documenté de mauvais traitements et d’abus aux conséquences terribles

Les forces de sécurité ont arrêté Ahmed Douma pour la première fois le 12 janvier 2012, alors âgé de 25 ans, en raison de sa participation au sit-in dit des « Cabinet Offices ». Il a été libéré au bout de trois mois, mais arrêté à nouveau le 3 décembre 2013 dans le cadre d’une vague d’arrestations après la promulgation de la loi draconienne sur les manifestations (loi n° 107/2013) qui restreint le droit de réunion pacifique. Tout au long de sa détention, Ahmed Douma a été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements, notamment le refus délibéré d’accès aux soins médicaux et la mise à l’isolement prolongé, au total quatre ans et huit mois entre décembre 2013 et janvier 2020. Ahmed Douma souffre de douleurs aiguës dans différentes parties du corps du fait de son confinement dans sa cellule plus de 22 heures par jour, dans de mauvaises conditions de détention. Il souffre de douleurs aux genoux et au dos en raison du manque de mouvements et de l’absence de lit, parfois même de matelas, dans sa cellule d’isolement. Il souffre également d’hypertension artérielle, d’insomnie, de maux de tête constants, de dépression grave et de crises de panique.

En février 2015, il a été déclaré coupable et condamné à 15 ans d’emprisonnement en raison de sa participation à des manifestations antigouvernementales à l’issue d’un procès politique et factice destiné à le punir pour son militantisme. En juillet 2020, la Cour de cassation, la plus haute juridiction égyptienne, a confirmé sa condamnation et sa peine. Par conséquent, la seule possibilité pour lui d’être libéré est de bénéficier d’une grâce présidentielle. Le 26 avril 2022, le Président égyptien a annoncé «  la réactivation du travail du Comité de la grâce présidentielle ».

La famille d’Ahmed Douma a soumis plusieurs demandes de grâce présidentielle et a renouvelé son appel au Président égyptien pour qu’il reconsidère son cas, en particulier au vu de la détérioration de sa santé mentale et physique. Cependant, le Comité des grâces n’a pas annoncé qu’il étudiait le cas de Douma à ce jour.

Ahmed Douma est détenu arbitrairement en Égypte pour avoir exercé ses droits humains les plus basiques

En 2015, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (UNWGAD) a estimé que la détention d’Ahmed Douma était arbitraire car elle découlait uniquement de l’exercice pacifique de ses droits fondamentaux et faisait suite à une procédure pénale qui ne répondait pas aux normes d’équité. L’UNWGAD a demandé sa libération immédiate et un droit de recours exécutoire. Les autorités égyptiennes n’ont pas tenu compte de ces appels. 

Plus récemment, le 24 novembre 2022, le Parlement européen a exhorté les autorités égyptiennes à libérer immédiatement les personnes détenues injustement en Égypte, y compris à Douma. Avant la Cop 27, plus de 1 400 organisations, groupes et individus, y compris des parlementaires, à travers le monde ont appelé les autorités égyptiennes, à libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues simplement pour avoir exercé leurs droits humains, et à mettre en œuvre les critères fixés par les ONG locales pour ces libérations, à savoir l’équité, la transparence, l’inclusion et l’urgence. 

Les organisations signataires réitèrent ces appels et demandent instamment à l’Égypte de les mettre en œuvre sans délai.

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