Discrimination à l’égard des femmes au Burkina Faso : malgré des progrès notables, certaines coutumes et traditions discriminatoires demeurent

30/08/2005
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation affiliée, le Mouvement burkinabé des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), se félicitent des recommandations adressées au gouvernement du Burkina Faso par le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Comité).

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation affiliée, le Mouvement burkinabé des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), se félicitent des recommandations adressées au gouvernement du Burkina Faso par le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Comité).

Le Comité a examiné, en juillet dernier, les quatrième et cinquième rapports périodiques combinés du Burkina Faso sur la mise en oeuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).

Malgré l’adoption de nombreuses réformes législatives visant à démarginaliser les femmes et à éliminer toute discrimination à leur encontre, le Comité a noté la persistence de nombreuses pratiques discriminatoires à l’égard des femmes, en particulier en zones rurales, appuyant de ce fait les observations émises par le MBDHP dans sa note de position sur la situation des femmes au Burkina Faso1.

Le Comité a déploré « le maintien d’attitudes patriarcales et de stéréotypes, coutumes et traditions bien ancrées [...], en particulier dans les zones rurales [...] » qui constituent des violations des droits fondamentaux des femmes. Le Comité a encouragé le Burkina Faso à améliorer l’accès des femmes aux voies de recours prévues en cas de violation et à poursuivre leurs auteurs.

En outre, le Comité a demandé au Burkina Faso de relever l’âge minimum du mariage et d’interdire la polygamie.

S’agissant des violences conjugales, le Comité a exhorté l’Etat partie à adopter une législation sur la violence contre les femmes, à protéger les victimes et à poursuivre leurs auteurs. Des mesures éducatives et des initiatives de sensibilisation permettraient également de mieux lutter contre ce type de violence.

Par ailleurs, les 18 experts du Comité se félicitent de la mise en place d’une législation anti-discriminatoire mais déplorent son défaut de mise en oeuvre et la persistance de discriminations de fait dans l’exercice des droits politiques, économiques, sociaux et culturels. En effet, de nombreuses discriminations subsistent dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi, en particulier en milieu rural. Le Comité a invité l’Etat partie à adopter toute mesure nécessaire afin de garantir une meilleure égalité entre hommes et femmes et notamment des mesures temporaires de discrimination positive afin d’accroître le nombre de femmes participant à la vie politique et publique et occupant des postes de décisions.

La FIDH et la MBDHP souhaitent attirer l’attention du Burkina Faso sur la prévalence de l’exclusion sociale des femmes agées dans de nombreuses régions, notamment du plateau du central et du nord, pratique liée à des croyances ancestrales et demande à l’Etat partie de prendre toutes les mesures nécessaires afin de lutter contre ces préjugés attentatoires à la dignité humaine.

« Nous encourageons le gouvernement burkinabé à doubler ses efforts en faveur d’une égalité de fait, et non plus seulement de droit, entre la femme et l’homme burkinabé et à poursuivre pénalement les auteurs des violences attentatoires à la dignité de la femme, telles que les mutilations génitales féminines et les violences domestiques », a conclu Sidiki Kaba, Président de la FIDH.

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