Turquie : Déclaration publique conjointe des ONG des droits de l’homme

07/06/2013
Communiqué
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Les actions connues comme les « manifestations du parc Gezi » qui se sont vite étendues au-delà du parc Gezi et d’Istanbul sont connues du public. Les événements ont démarré à Istanbul, pour s’étendre ensuite à Ankara, Izmir et bien d’autres villes de Turquie, accompagnés de violences policières contre les protestataires.

Les organisations des droits de l’homme ont d’abord eu pour objectif de préserver les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’expression des protestataires et ont veillé à mener à bien leurs actions dans cette seule perspective.
En termes de normes relatives aux droits de l’homme universels, toute manifestation pacifique non violente est un droit fondamental de l’homme. Le rôle de l’État se limite à fournir les conditions juridiques et effectives d’exercice de ce droit. Il est inacceptable que des manifestations pacifiques aient été utilisées comme une occasion d’exercer des violences à l’encontre des protestataires.
Par ailleurs, toutes les personnes, sans aucune discrimination d’aucune sorte, ont droit aux services de santé.

La législation nationale turque ainsi que les conventions internationales définissent les actes autorisés et devoirs des autorités publiques concernant les actions violentes et l’usage qui doit en être fait.

Il est maintenant clair que pendant ces manifestations massives, les autorités publiques n’ont pas agi conformément à ces principes fondamentaux et que le droit à la liberté d’expression s’est vu largement restreint par la répression violente de manifestations pacifiques.

Il est également prouvé que les autorités publiques n’ont pas suffisamment permis l’accès aux soins de santé et que, lors des événements susmentionnés, au moins un manifestant est décédé suite à l’usage de force extrême, qu’un autre manifestant et un officier de police sont morts pendant les manifestations, que les blessés se comptent par milliers et que certains militants ont perdu un membre. Les personnes blessées au cours des événements ou celles qui requièrent un soutien juridique se sont adressées aux organisations de la société civile et continuent à le faire.
Les organisations des droits de d’homme estiment que c’est leur devoir d’informer et de condamner de toute urgence les violations qui se sont produites lors de ces événements. Cela ne signifie pas que les raisons de ces actions soient considérées comme légitimes ou illégitimes par les organisations des droits de l’homme. Ce que les organisations des droits de l’homme défendent, ce ne sont pas les manifestations en elles-mêmes, mais les droits fondamentaux comme le droit à la vie, l’accès aux services de santé, la liberté d’expression et le droit à la réunion pacifique. Le seul critère valable pour les organisations des droits de l’Homme est, comme déjà dit précédemment, de savoir si les principes universels des droits de l’homme sont respectés ou non. L’identité de la victime n’entre pas en ligne de compte.

Conformément aux droits figurant à la Déclaration de l’ONU sur les défenseurs des droits de l’homme, les organisations de droits de l’homme signataires du présent document sont préoccupées à la fois par la suspension des droits mentionnés ci-dessus et par la diffusion et publication de rapports non fondés et accusatoires visant les organisations de droits de l’homme.

Dans ce contexte, nous, institutions signataires du présent document, informons publiquement que nous demandons :
1. La préservation du droit à la réunion pacifique, conformément aux principes universels des droits de l’homme,
2. Que les opinions pacifiques et non violentes manifestées dans les médias audiovisuels et sociaux ne donnent pas lieu à des poursuites judiciaires,
3. La fin urgente des brutalités policières et un arrêt immédiat de l’usage disproportionné et excessif de la force contre les protestataires,
4. La relâche immédiate de toutes les personnes détenues pour le simple fait d’avoir fait usage de leur droit à manifester et à la réunion pacifique,
5. Une enquête indépendante et effective sur ces événements et la mise en examen immédiate des responsables des violences.

  • Association turque des droits de l’homme (IHD), siège et toutes ses branches
  • Mazlum-Der (l’Organisation des droits de l’homme et de la solidarité avec les peuples opprimés) et toutes ses branches
  • Amnesty International
  • Fondation turque des droits de l’homme (HRFT)
  • Association médicale turque (TTB)
  • Mülteci-Der (l’Association des citoyens d’Helsinki de solidarité avec les réfugiés)
  • Association de recherche sur les droits de l’homme (IHAD)
  • Association des droits de l’homme (IHGD)
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