La Ligue tunisienne des droits de l’Homme en état de siège, à l’occasion de son 29ème anniversaire

05/05/2006
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de leur programme conjoint, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, réitèrent leur plus vive préoccupation à l’égard de la poursuite de l’encerclement des bureaux de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), à Tunis.

En effet, depuis le 24 avril 2006, les forces de police empêchent toute personne d’entrer dans les locaux de la LTDH - exception faite de ses membres directeurs - par le barrage des rues environnantes, et le placement d’hommes en faction devant les portes de la ligue. De plus, la LTDH ne reçoit plus aucun courrier, ce dernier étant bloqué par les autorités. C’est dans ces conditions que la LTDH fête aujourd’hui son 29ème anniversaire : alors qu’elle organise, cet après-midi une réception au siège de la Ligue, toutes les personnes invitées sont systématiquement refoulées par les forces de l’ordre.

Cette situation, qui fait suite à l’annonce par la LTDH, le 6 avril 2006, de la tenue de son 6ème Congrès les 27 et 28 mai prochains entrave gravement les activités quotidiennes de la Ligue, dont les bureaux des sections restent eux-mêmes bloqués par les autorités depuis septembre 2005. Cette situation traduit surtout, si besoin en était, l’acharnement des autorités tunisiennes, qui ne cessent de multiplier les moyens d’action (actes de violence et de harcèlement, poursuites judiciaires, blocage de fonds, ...), afin d’asphyxier la plus ancienne association indépendante de défense des droits de l’Homme tunisienne.

C’est dans ce contexte que doit se tenir demain, 6 mai 2006, l’audience au fond dans le procès intenté par 22 personnes alléguant de leur appartenance à la LTDH, mais connues pour être affiliées au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir), dans le but d’obtenir la suspension du Congrès et de tous les travaux préparatoires à la tenue de cet événement. Une autre audience doit se tenir demain, initiée par les 20 plaignants qui se sont désistés dans la première affaire et qui ont informé la LTDH, le 14 avril 2006, qu’ils intentaient une seconde procédure sur le fond, identique à la première, pour obtenir l’annulation de la convocation du Comité directeur pour la tenue du Congrès de la LTDH, ainsi que de tous les travaux préparatoires afférents.

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation à l’égard de cette situation, qui illustre une nouvelle fois les graves entraves posées à la liberté d’association et de réunion en Tunisie et les actes de harcèlement constants dont font l’objet les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens.

L’Observatoire rappelle que la Tunisie est tenue de se conformer aux obligations internationales en matière de droits de l’Homme, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel elle est partie, et la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée le 9 décembre 1998 par l’Assemblée générale des Nations unies, notamment son article 1 qui prévoit que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international » et, à cette fin, « de se réunir et de se rassembler pacifiquement » (article 5b).

Contact presse :
FIDH : Gaël Grilhot : +33 1 43 55 25 18 / OMCT : Eric Sottas : +41 22 809 49 39

Voir en ligne : Signez la pétition : La LTDH doit pouvoir tenir librement son VIème Congrès National
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