Maghreb et Moyen-Orient - Antiterrorisme et droits humains : 10 ans d’incompatibilité ?

Sous couvert de lutter contre le terrorisme, plusieurs États d’Afrique du nord et du Moyen-Orient justifient une politique répressive et liberticide. Les violations graves des droits de l’Homme commises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ont un caractère souvent systématique.

La lutte contre le terrorisme, légitime et nécessaire, se fait souvent au mépris des normes internationales de protection des droits de l’Homme ; certains Etats allant même jusqu’à légaliser des pratiques constituant des violations graves de droits de l’Homme. Ainsi par exemple, le maintien de l’Etat d’urgence par Hosni Moubarak en Egypte tout au long de son régime associé à la lutte contre le terrorisme a eu notamment pour corollaire le recours récurrent à la détention incommunicado et à la torture ainsi qu’à une justice d’exception ne respectant pas les garanties du droit à un procès équitable (lien vers rapport de la FIDH sur Egypte).

La lutte contre le terrorisme est également souvent utilisée de façon plus insidieuse pour réprimer celles et ceux qui osent faire entendre des revendications, particulièrement d’ordre politique ou même appelant au respect des droits et des libertés. Ainsi, les déclarations récurrentes des autorités syriennes depuis le début du soulèvement majoritairement pacifique qui secoue la Syrie depuis le mois de mars 2011, attribuant les troubles à des groupes terroristes visant à déstabiliser le pays sont la dernière illustration d’une politique répandue à l’échelle régionale. Longtemps, le régime tunisien par exemple, s’est maintenu faisant peser la menace terroriste en cas de changement de pouvoir. Par ailleurs et récemment encore, la lutte contre le terrorisme a été utilisée par le pouvoir yéménite comme un paravent afin de détourner le regard de la communauté internationale des exactions commises à l’encontre du mouvement de protestation pacifique qui a émergé au mois de février 2011. Les autorités du Yémen, "bastion d’Al-Qaida dans la Péninsule arabique", fortes du soutien de gouvernements occidentaux et en particulier des Etats-Unis dans leur combat contre les groupuscules terroristes, se sont ces dernières années illustrées par le recours à des violations graves des droits de l’Homme non seulement à l’encontre de présumés terroristes mais également de toute personne considérée comme portant atteinte à la sûreté nationale (voir le rapport de la FIDH sur ce sujet).

Pour plus d’information :

Tunisie : La torture en Tunisie et la loi antiterroriste du 10 décembre 2003. Faits et témoignages pour que cesse l’impunité. (2008) – rapport du CRLDHT et de l’ALTT
http://www.fidh.org/Rapport-du-CRLDHT-et-de-l-ALTT-La-torture-en (en français)

Maroc : Les autorités Marocaines à l’épreuve du terrorisme : la tentation de l’arbitraire (2004)
http://www.fidh.org/Les-autorites-Marocaines-a-l-epreuve-du (en français)

Egypt : Counter-terrorism against the background of an endless state of emergency (2010)
http://www.fidh.org/Counter-terrorism-against-the-background-of-an (en anglais et arabe)

Yemen : In the name of national security... human rights violations in Yemen (2010)
http://www.fidh.org/In-the-name-of-national-security-human-rights (en anglais)

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