Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH réagit : "Nous sommes indignés de voir que, bien que Patricia Troncoso soit sur le point de mourir, le gouvernement continue à exprimer son mépris à son égard et à celui de son peuple. Le gouvernement légitime la répression en invoquant l’"ordre public" alors même que les Mapuche ne font que demander le respect de principes de base du droit international et régional des droits de l’homme. L’application de la Loi Antiterroriste est disproportionnée et viole le droit à un procès équitable. L’attitude du gouvernement chilien met en évidence la discrimination profonde qui subsiste au Chili contre les peuples indigènes, y compris parmi les plus hautes autorités du pays".
La FIDH considère que le traitement réservé à Patricia Troncoso est contraire au droit international et régional des droits de l’homme qui interdit les traitements inhumains et dégradants et protège le droit à la vie. Le 15 janvier, Patricia Troncoso a été transférée depuis la ville de Temuco vers l’Hôpital de Chillán, contre sa volonté et en dépit des recommendations médicales qui étaient de la transférer vers la capitale. L’équipe médicale de la Gendarmerie l’oblige à cesser sa grève de la faim en lui injectant, de force, des aliments. Les autorités la maintiennent en isolement total, interdisant à sa famille de lui rendre visite. Elles ont même refusé, dans un premier temps, le contact sollicité le 16 janvier par la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme.
La FIDH demande au gouvernement de mettre un terme à cette situation d’isolement et à respecter les droits du peuple Mapuche. La FIDH exhorte le Gouvernement de Michelle Bachelet à accéder à la demande de Patricia Troncoso de lui octroyer un droit de sortie dominical. Patricia Troncoso remplit les conditions requises par la règlementation pénitenciaire pour bénéficier de cette sortie périodique. La FIDH appelle le Gouvernement chilien à entamer, sans plus tarder, un véritable dialogue avec les prisonniers Mapuche condamnés sur la base de la Loi Antiterroriste. La FIDH réitère également sa demande de révision de leurs condamnations, contraires au droit international, et demande, qu’entre-temps, la liberté leur soit immédiatement accordée.
Madame la Présidente, entre vos mains se trouve non seulement la possibilité de sauver la vie de Patricia Troncoso, mais également celle de répondre, par la voie du dialogue, aux demandes légitimes du peuple Mapuche. La position actuelle du gouvernement ternit l’image de la démocratie chilienne, c’est pourquoi nous attendons de votre part une réaction appropriée. Les droits fondamentaux doivent primer sur les intérêts économiques.