Asie : aucun progrès en matière d’abolition de la peine de mort

10/10/2025
Rapport
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© Roslan RAHMAN / AFP

Un nouveau rapport présenté par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) lors de la 23e Journée mondiale contre la peine de mort montre qu’il n’y a eu aucun changement significatif vers l’abolition de la peine de mort en Asie au cours de ces cinq dernières années.

Paris, 10 octobre 2025. TLe rapport de 42 pages (en anglais) intitulé « Enduring Injustice - A review of the death penalty in Asia (2020-2025) », présente les principales tendances, évolutions et chiffres liés à la peine de mort dans les 20 pays d’Asie où la peine de mort est encore en vigueur sur la période du 1er janvier 2020 au 30 juin 2025. Le rapport, qui a été réalisé en collaboration avec 17 organisations membres et partenaires de la FIDH dans la région, adresse également un large éventail de recommandations aux parties prenantes concernées.

« L’application de la peine de mort en Asie reste associée à de graves violations des droits humains fondamentaux, notamment le droit à la vie, le droit à un procès équitable, le droit d’être protégé contre la torture et le droit à la non-discrimination. Les autorités des pays non abolitionnistes de la région sont tenues de s’acquitter de leurs obligations internationales en matière de droits humains - c’est un premier pas essentiel vers l’abolition de la peine de mort  », a déclaré la présidente de la FIDH, Alice Mogwe.

Dans la plupart des pays non abolitionnistes en Asie, la peine de mort est toujours en vigueur pour des infractions qui ne satisfont pas au critère des « crimes les plus graves » au regard du droit international, notamment des infractions à caractère politique, économique, religieux ou liées à la drogue. De nouvelles lois élargissant l’application de la peine de mort ont été proposées ou promulguées en Afghanistan, au Bangladesh, en Inde, en Iran, aux Maldives, en Corée du Nord et au Sri Lanka.

Des exécutions ont été signalées dans 11 pays, notamment au Myanmar, où les exécutions judiciaires ont repris après un moratoire de facto de 34 ans. Dans de nombreux pays, comme la Chine, l’Iran, le Laos, la Corée du Nord et le Vietnam, la peine de mort demeure entourée de secret.

Les femmes n’ont pas été épargnées par la peine de mort en raison de lois discriminatoires fondées sur le genre en Afghanistan, à Brunei et en Iran. En Thaïlande, la peine de mort a frappé les femmes de manière disproportionnée pour des infractions liées aux drogues.

Si le recours à la peine de mort est encore très répandu dans toute l’Asie, la région a également enregistré quelques évolutions positives, notamment la réduction du nombre d’infractions punies de la peine capitale en Malaisie, au Pakistan et au Vietnam, l’abolition de la peine de mort obligatoire pour certaines infractions en Malaisie, et l’interdiction d’imposer la peine de mort à des enfants au Sri Lanka et d’exécuter des enfants aux Maldives. Plusieurs décisions de justice positives sur divers aspects de l’application de la peine de mort auraient été prononcées au Bangladesh, au Japon, en Malaisie, au Pakistan et à Taïwan. Enfin, l’application de la peine de mort s’est heurtée à des défis juridiques en Corée du Sud et à Taïwan.

Le rapport propose d’adopter une approche pragmatique à moyen terme à partir de ces évolutions positives et appelle les autorités des pays non abolitionnistes à collaborer activement avec la société civile pour s’assurer que la peine de mort fasse l’objet d’un débat public.

La FIDH, membre fondateur de la Coalition mondiale contre la peine de mort (WCADP) et siégeant à son Comité de direction, est résolument opposée à la peine de mort, quels que soient les crimes et les circonstances.

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