Alice Mogwe met en lumière le chemin qui reste à parcourir vers l’abolition de la peine capitale en Afrique

30/03/2021
Communiqué
en es fr

En début de mois, la présidente de la FIDH, Alice Mogwe, a pris la parole lors d’une table ronde sur les perspectives mondiales relatives à la peine de mort. Lors de cette manifestation virtuelle organisée par Amnesty International le 12 mars dans le cadre du Congrès onusien pour la prévention du crime qui a duré six jours, Alice Mogwe a mis en lumière les tendances et les meilleures pratiques régionales en Afrique, en mettant l’accent sur le rôle joué par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et sur les récentes évolutions au Botswana.

Cette manifestation, qui s’est tenue dans le cadre du quatorzième congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale – le plus grand rassemblement du monde sur le crime et la justice – avait pour vocation de rendre compte de la situation actuelle de la peine de mort dans le monde, notamment des violations des normes et du droit internationaux en matière de droits humains qui en découlent. À cette occasion, une plateforme permettant de partager des expériences et des bonnes pratiques dans le but d’éliminer les obstacles à l’abolition a également été mise à disposition. (Le contenu du discours d’Alice Mogwe est disponible ci-dessous, vous pouvez également le visionner à partir de 0:36 à 0:51). La FIDH et plusieurs autres organisations ont publié une déclaration commune soutenant que l’abolition de la peine capitale devait être partie intégrante des programmes sur la prévention du crime et des réformes en matière de justice pénale.

Grâce à une longue expérience qu’elle a acquise au sein de la Commission africaine sur les droits de l’homme et des peuples, Alice Mogwe a pu faire progresser la cause de l’abolition, notamment en participant au Groupe de travail de la Commission sur la peine de mort, les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et les disparitions forcées en Afrique. Elle a souligné l’importance de créer une coalition d’acteurs étatiques et non étatiques sur le continent africain en vue de plaider pour l’adoption d’un projet de protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples portant sur l’abolition de la peine de mort en Afrique, [1] dans l’espoir qu’un tel soutien accélère les processus internes de l’Union africaine.

La présidente de la FIDH a également mis l’accent sur l’importance de définir la question de la peine de mort comme une violation du droit à la vie. Lors de son intervention du 12 mars, elle a fait valoir que : «  Les défenseurs qui soutiennent le projet de protocole ... devraient engager une discussion approfondie et soutenue sur les contradictions qui opposent la peine de mort et les principes fondamentaux de la Charte africaine qui intègrent le droit à la vie et le droit à la dignité humaine ».

En tant que défenseure des droits humains et figure de proue de la société civile, Alice Mogwe a œuvré pour faire progresser les droits humains, en s’engageant plus particulièrement dans la lutte pour l’abolition de la peine capitale au Botswana et plus largement en Afrique. Son combat s’inspire du principe sudafricain du botho – croyance selon laquelle l’humanité qui repose en chacun de nous est reliée à l’humanité de toutes et tous à travers le monde. Outre sa fonction de présidente de la FIDH, Alice Mogwe est également à la tête de DITSHWANELO – le Botswana Centre for Human Rights.

Cette dernière a beaucoup travaillé sur la question de la peine capitale, notamment sur les différentes dispositions à caractère discriminatoire dans les systèmes judiciaires. Ces dernières années, elle est intervenue et a participé à plusieurs conférences internationales, dont le dialogue de Djakarta sur les droits humains et le moratoire sur la peine de mort dans la région ASEAN en 2014, le Groupe de travail mondial : Moving away from the death penalty du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) en 2014, le Congrès régional africain contre la peine de mort en 2018 et le Congrès mondial contre la peine de mort en 2019. En 2020, pour la Journée mondiale contre la peine de mort, elle a signé un article qualifiant de droit indispensable le droit de se faire assister par un avocat pour les accusés passibles de peine de mort.

Parmi les 55 États membres de l’Union africaine, seuls 22 ont aboli la peine capitale, et 18 autres ont décrété un moratoire de facto sur les exécutions. Même le chemin est encore long à parcourir, la tendance générale des pays du continent va plutôt dans le sens de l’abolition de la peine de mort, le Tchad étant le dernier à s’y résoudre.

Lire la suite