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Mettre l'humain au coeur de la gestion obligataire

La FIDH veut inciter les investisseurs à financer les pays les plus respectueux en matière de droits de l'homme. Elle montre l'exemple avec sa sicav Libertés & Solidarité.

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Par Pierrick Fay

Publié le 31 mars 2015 à 01:01

Le moment n'est pas forcément idéal, alors que les marchés obligataires de la zone euro connaissent une période de surchauffe liée aux rachats d'emprunts d'Etat par la Banque centrale européenne, mais la démarche de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme s'inscrit dans la durée. Depuis 2001, tous les deux ans, la FIDH publie son classement des Etats européens les plus respectueux des droits de l'homme. Avec l'espoir, à terme, de parvenir à inclure ces droits dans les stratégies d'investissement des fonds obligataires. Les vingt-huit Etats membres de l'Union européenne sont passés au crible de 67 indicateurs de droits humains et de 17 indicateurs environnementaux. Parmi eux, l'égalité homme-femme, la lutte contre les discriminations, les droits des migrants et des réfugiés, la corruption, le système judiciaire, la liberté d'expression, la cohésion sociale ou encore la protection de l'environnement. « L'objectif est double. D'abord, établir un classement des pays de l'Union européenne pour donner des indications à la gérante de notre sicav Libertés & Solidarité. Ensuite, il s'agit de mesurer le respect par les Etats de leurs obligations en matière de droits humains à l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur, via notamment le comportement de leurs entreprises. Il s'agit de sensibiliser les Etats sur ces problématiques, qu'il y ait des progrès ou des reculs », selon Geneviève Paul, à la FIDH.

Sans grande surprise, les Etats du nord de l'Europe arrivent en tête, avec sur le podium la Suède, la Finlande et le Danemark. Viennent ensuite la Slovénie et la France. En bas de classement, la Grèce, Chypre et Malte.

Effort de transparence

Les difficultés économiques rencontrées par ces pays ont pesé dans la balance, mais l'évaluation extrafinancière s'avère un exercice compliqué. « Dans un contexte européen dégradé, tant pour les droits économiques, sociaux et culturels que pour les droits civils et politiques, il reste difficile d'évaluer le respect par les Etats de leurs obligations », souligne Geneviève Paul. A eux de faire l'effort de transparence, sous la pression notamment des sociétés de gestion incitées à s'inspirer de ce classement lorsqu'elles achètent des dettes souveraines. La FIDH donne d'ailleurs l'exemple avec sa sicav Libertés & Solidarité, gérée par La Banque Postale AM. Elle doit en effet investir 50 % de la poche obligataire du fonds dans les pays classés de 1 à 5, puis 30 % dans les cinq suivants et le solde de 20 % dans les pays classés de 11 à 15. Les autres sont exclus, comme le Portugal, la Belgique et maintenant l'Italie (14e en 2012, mais 21e en 2014), l'un des plus gros émetteurs de dette publique en Europe.

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C'est l'une des difficultés du fonds : acheter de la dette d'Etats qui empruntent peu... Une difficulté renforcée encore par l'arrivée massive de la BCE sur le marché obligataire. « Dans un contexte de crise, il est d'autant plus important de se faire entendre », souligne Geneviève Paul, qui reconnaît qu'il est difficile « d'être audible » en plein QE. Ce handicap, tout comme la baisse des rendements, a d'ailleurs contraint la sicav à inclure récemment des obligations d'entreprises et des actions dans son portefeuille.

Enfin, pas facile non plus de toucher les gérants de fonds à la recherche de rendements pour leurs clients, alors que 80 % des obligations de la zone euro rapportent moins de 1 % par an. « Nous sommes conscients de ce risque. Mais nous sommes convaincus que sur le long terme, il y a un lien entre le respect des droits de l'homme et la performance des marchés financiers d'un pays. »

Pierrick Fay

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