OMC : Conférence de Seattle


OMC : Conférence de Seattle


L’OMC vous concerne !

La vigueur de la mobilisation contre l’Organisation mondiale
du commerce (OMC) a pris tout le monde par surprise, à
commencer par l’OMC elle-même, qui s’attendait à mener
paisiblement ses négociations comme par le passé, dans le
huis clos feutré de ses diplomates, de ses experts et de ses
hommes d’affaires. Il n’en sera rien, et les 800 ONG présentes
à Seattle obligeront à réécrire cette chronique d’une libéralisation
annoncée.
Pourquoi le mouvement de la société civile a-t-il pris une telle
ampleur, et pourquoi aujourd’hui ? Les causes immédiates
sont bien connues : l’impact croissant des effets de la libéralisation
sur la vie quotidienne et les droits des populations (le
désormais célèbre bœuf aux hormones américain…) ; le
succès, à la fin de l’année dernière, de la société civile dans
le dossier de l’AMI (Accord multilatéral sur les investissements)
 pour la première fois, un texte soutenu par les plus grandes
puissances (dont les multinationales) était mis en échec grâce
à une mobilisation citoyenne.
Mais ce ne sont pas là les seules raisons. La mondialisation
consacre en effet le rétrécissement de la souveraineté des
Etats, ce qui appelle à une reformulation des rapports entre
politique, économie et société, dans la mesure où la citoyenneté
se définit de plus en plus de façon extra-politique, dans la
sphère économique et sociale. Aujourd’hui, être citoyen, c’est
tout autant être consommateur et se préoccuper des conditions
dans lesquelles les produits achetés ont été fabriqués,
qu’exercer un droit de vote. Il est vrai que cette problématique
se pose en des termes différents pour les pays du Sud, plus
généralement "producteurs" que "consommateurs", qui se
disent devenir les otages de ces nouveaux réflexes citoyens.
Dans ce contexte, l’antagonisme traditionnel Nord/Sud doit
être repensé quand on sait que certaines pratiques de pays
en voie de développement (et notamment le non respect des
droits des travailleurs) sont surtout préjudiciables aux pays
voisins qui essaient d’améliorer leurs standards.
D’autre part, la mondialisation pose avec acuité le problème de
la responsabilité : l’exigence de Justice est d’autant plus forte
que les instances au profit desquelles la souveraineté étatique
abdique ne sont pas, elles-mêmes, responsables et soumises
à un contrôle démocratique. Ce qui signifie que l’OMC et ses
principaux acteurs (au premier chef les multinationales) doivent
être transparents, imputables de leurs agissements et soumis
aux principes universels des droits de l’Homme. Ce qui souligne
également a contrario la responsabilité croissante des ONG.
Anne-Christine Habbard
Secrétaire générale adjointe de la FIDH

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