Paris, Bruxelles, 17 octobre 2025. Le 6 octobre 2025, 46 grandes entreprises européennes ont signé une lettre commune au Président français Emmanuel Macron et au chancelier allemand Friedrich Merz, réclamant l’abrogation de la directive européenne sur le devoir de vigilance (CSDDD) au nom de la « compétitivité européenne ».
Accéder à cette demande reviendrait à effacer des années de progrès pour promouvoir un comportement responsable des entreprises dans leurs activités et leurs chaînes de valeur.
Le devoir de vigilance : un outil de progrès, pas un fardeau
Contrairement aux affirmations des signataires, le devoir de vigilance n’est pas un frein à la compétitivité ni un fardeau administratif. De nombreuses entreprises se sont déjà dotées d’outils efficaces pour identifier les risques environnementaux, sociaux et humains, et pour prévenir ou réparer les atteintes, dans le respect des droits des parties prenantes. C’est en réalité le recul sur ces efforts – et non leur poursuite - qui nuirait à la compétitivité et à la crédibilité des entreprises européennes sur la scène mondiale.
Soutenir les droits humains et la protection de l’environnement
Les sociétés multinationales s’appuyant sur des chaînes de valeur globales ont connaissance des impacts négatifs que leurs activités peuvent avoir sur les personnes et sur la planète, certains faisant d’ailleurs l’objet d’actions en justice. La CSDDD, en renforçant les obligations de prévention, de transparence et de redevabilité, permet d’apporter un complément essentiel aux normes existantes. Réclamer son abrogation avant même sa mise en œuvre, revient à remettre en cause des progrès indispensables sur les droits humains et pour la planète.
L’Union européenne doit réaffirmer son engagement
Sous couvert de « compétitivité », cette initiative prône un retour à la dérégulation, à la loi du moins disant, et l’abandon du leadership européen en matière de responsabilité des entreprises.
Si cette demande devait être entendue, les seuls gagnant·es seraient ceux et celles qui cherchent à échapper à toute responsabilité, au détriment des citoyen·nes européen·nes et des populations affectées dans le monde entier.
Nous appelons l’Union européenne et ses Etats membres à préserver l’intégrité des normes qui engagent les entreprises à respecter les droits humains et l’environnement, et à confirmer la dynamique de responsabilisation initiée sous la précédente législature.