L’UE ne veut pas des demandeurs d’asile sur son territoire

31/08/2017
Communiqué

Paris, le 30 août 2017 - Le 28 août 2017, des chefs d’États ou de gouvernement de la France, d’Italie, d’Espagne, de la Libye, du Tchad, du Niger, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne ont adopté à Paris une ligne de conduite visant à allier accords économiques, politiques sécuritaires issues des pays de destination et externalisation du traitement de l’asile vers le continent africain. Une coopération dont l’objectif est de maintenir les personnes migrantes loin de l’Europe.

« Ni l’externalisation de l’asile, ni les politiques de développement et de coopération sécuritaire ne réduiront le nombre de morts en mer ou dans le désert »

Dimitris Christopoulos, président de la FIDH

La FIDH affirme sa position, favorable à 1) l’ouverture de corridors humanitaires depuis la Libye, permettant de demander l’asile sur le territoire de l’UE 2) l’application de la protection temporaire au niveau de l’Union européenne et 3) l’annulation du code de conduite italien et des décisions libyennes visant à limiter ou interdire le travail de bateaux d’ONGs de secours en mer dans leur zone SAR (Search And Rescue).

Le principe d’externalisation demeure clef dans la politique migratoire européenne. La réunion du 28 août en a été une nouvelle fois la démonstration. Elle devrait mettre en place des centres de traitement de demandes d’asile au Tchad et au Niger en coopération avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il s’y tiendrait une procédure dite « réservée aux résidents de ces pays », inscrits sur des « listes fermées ».

Le principe n’est pas nouveau, puisqu’en 2003, le Royaume-Uni avait proposé l’ouverture de camps offshore et que l’Australie externalise le traitement des demandes d’asile des personnes arrivées par la mer à Nauru et Manus. Outre le fait que de telles pratiques sont déjà largement condamnées par la société civile internationale, les conclusions de la réunion de Paris soulèvent une série de questions. Quelle différence entre cette politique et celle de la réinstallation ? Comment des personnes en transit au Tchad ou au Niger pourront-elles prouver leur résidence dans ces pays ? Les quotas de réinstallation dépasseront-ils les taux actuels, dérisoires ? Quel traitement pour les personnes déboutées ? Les déclarations officielles n’ont répondu à aucune de ces interrogations.

Les conclusions inquiétantes de la réunion de Paris interviennent alors que l’Italie et la Libye accentuent leur coopération sécuritaire en matière migratoire, et que la situation des personnes migrantes en mer et sur le territoire libyen devient de plus en plus mortifère. Une coopération entre les deux pays qui a semblé lors de la réunion de Paris recevoir l’aval de leurs voisins africains et européens. Cela alors que la politique migratoire de la Libye, comme celle de l’Italie viennent de recevoir les plus fermes réserves de la part de l’ONU d’une part et de son Haut-Commissariat aux droits de l’Homme d’autre part.

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