La police grecque refoule de nouveau vers la Turquie des demandeurs d’asile turcs

06/06/2017
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AFP

Athènes, le 6 juin 2017
Communiqué de presse de la Ligue grecque des droits de l’homme, ligue membre de la FIDH

Le 2 juin, à 9 heures du matin, un groupe de citoyens turcs composé d’une famille de six personnes, dont un nourrisson, et de trois hommes, qui souhaitaient déposer une demande de protection internationale en Grèce afin d’échapper aux persécutions en Turquie, a été remis par la police grecque à une unité d’hommes armés et masqués, afin d’être renvoyés vers la Turquie. Des témoignages prouvent le refoulement et la Ligue grecque des droits de l’homme dispose de la plaque d’immatriculation du véhicule de police qui a transféré les demandeurs d’asile. Ce nouveau refoulement a eu lieu à Evros, par bateau, près de la ville grecque de Didymotique. Parmi les personnes concernées se trouvaient Mustafa Can, son épouse et leurs quatre enfants, Yılmaz Erdoğan, Fethullah Çatal et un autre homme dont l’identité est toujours inconnue.

Il y a quelques jours, la Ligue grecque des droits de l’homme avait déjà rendu publique une plainte concernant le refoulement informel, depuis la Grèce vers la Turquie, de citoyens turcs cherchant la protection internationale. L’un d’entre eux est depuis retenu en prison en Turquie et plus aucune communication n’est possible avec lui.

En Grèce, le refoulement informel et forcé est considéré comme un acte de violence et est une violation flagrante du droit international et des obligations internationales.

Les refoulements systématiques et coordonnés de demandeurs d’asile qui sont victimes de persécution dans leur pays constituent un acte politique machiavélique sans précédent. Nous souhaitons souligner le fait que la Cour Suprême grecque a décidé, il y a quelques jours, de ne pas autoriser l’extradition de huit officiers turcs afin d’éviter de potentiels “traitements cruels, impitoyables et inhumains” en Turquie et des “traitements pouvant dégrader leur personnalité, et qui seraient en violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme”. Par ailleurs, nous souhaitons rappeler que la Commission européenne - dans sa communication du 9 novembre 2016 (1) - le Rapporteur spécial des Nations Unies : Mr N. Melzer, ainsi que le Comité des Nations Unies contre la torture (2), ont tous exprimé leurs inquiétudes concernant la torture et les mauvais traitements qui ont lieu dans les prisons et centres de détention informels en Turquie.

La Ligue grecque pour les droits de l’homme a déjà réuni des preuves concernant les violations mentionnées ci-dessus, et continuera de le faire, afin qu’une enquête complète sur ces plaintes soit réalisée par les autorités compétentes, tant au niveau national qu’international. La Ligue grecque a déjà contacté le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et s’apprête à attirer l’attention des cours et tribunaux grecs à ce sujet.

Un certain équilibre politique et diplomatique entre la Grèce et la Turquie peut être compréhensible. En revanche, cet équilibre ne doit en aucun cas être utilisé pour justifier une telle politique de refoulement.

(1) European Commission, Brussels 9.11.2016 SWD (2016) 366 final, available at : https://ec.europa.eu/neighbourhood-enlargement/sites/near/files/pdf/key_documents/2016/20161109_report_turkey.pdf

(2) Torture : UN expert calls on the Turkish Government to live up to its “zero tolerance” policy, available at : http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=20977

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