BRISER LE MYTHE DE L’ « IMMIGRATION ZERO »

En réaction au décès tragique des 58 immigrants clandestins à Douvres, la FIDH et ses organisations membres au sein de l’UE ont solennellement interpellé, le 22 juin 2000, les Etats européens, et plus particulièrement la République française, qui assurera la Présidence de l’Union européenne jusqu’en décembre 2000.

1. L’importance nécessaire donnée à la lutte contre les mafias et les trafiquants de main d’œuvre ne doit pas faire oublier que l’Union européenne et ses Etats membres doivent adopter une politique globale de l’immigration impliquant une cohésion entre les Etats membres.

2. Cette politique globale de l’immigration ne peut reposer sur la fermeture absolue des frontières, ni sur le mythe de l’immigration zéro.

L’importance des inégalités entre les continents et la mobilité des autres composantes économiques (finance et commerce) obligent de fait les pays développés à prévoir une entrée légale de travailleurs étrangers et de leur famille dans des conditions de respect des droits de la personne.

3. En ce qui concerne l’asile, la FIDH et ses organisations membres au sein de l’UE rappellent que la politique d’asile et la politique d’immigration sont deux questions distinctes qui doivent faire l’objet d’un traitement différencié et ne peuvent être soumises à une même réglementation. L’exercice du droit d’asile par ceux qui fuient les violations des droits de l’Homme, et l’obligation pour les Etats membres de les accueillir ne peuvent en aucun cas être subordonnés au contrôle des flux migratoires.

Les pays membres de l’UE ont une obligation légale et conventionnelle d’assurer un traitement individuel et approfondi au cas de chaque demandeur d’asile dans le cadre de la Convention de Genève de 1951.

4. D’une manière générale, les Etats membres de l’UE ne s’attaquent pas suffisamment aux traitements des causes à l’origine des mouvements migratoires ; à savoir les violations des droits humains - qu’il s’agisse de droits civils, politiques, économiques, sociaux ou culturels - dans les pays d’origine.

5. La FIDH et ses organisations membres au sein de l’UE exhortent les Etats membres à prêter la plus grande attention à la possibilité d’instaurer des canaux légaux d’immigration pour décourager les filières clandestines et à veiller à ce que la lutte contre l’immigration illégale - notamment par le biais des clauses ou accords de réadmission - ne puisse justifier des violations de la Convention de Genève de 1951, à laquelle tous les Etats membres de l’UE sont partie.

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