Le 22 juin 2022, la Cour suprême turque a condamné Pinar Selek à la prison à vie.
Pinar Selek est une écrivaine, sociologue et défenseure des droits humains turque, aujourd’hui basée en France, qui a été arrêtée en 1998 pour ses recherches sur les processus de paix et la démilitarisation.
Pinar Selek a été accusée de soutenir le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), puis d’avoir fait exploser une bombe sur le bazar égyptien d’Istanbul le 9 juillet de la même année. Les accusations d’un jeune Kurde, obtenues sous la torture, ont conduit à l’arrestation de Mme Selek. Bien que le militant se soit rétracté par la suite, Pinar Selek a été détenue et soumise à des actes de torture et à des mauvais traitements pendant deux ans, jusqu’à sa libération provisoire en 2000. Elle a été condamnée puis acquittée par la Cour pénale d’Istanbul à quatre reprises, en 2006, 2008, 2011 et 2014, mais le procureur a constamment fait appel devant la Cour de cassation, qui a annulé les décisions d’acquittement, alors que toutes les enquêtes attribuaient l’explosion à une fuite de gaz.
Pinar Selek est victime de harcèlement judiciaire de la part des autorités turques depuis près de 24 ans et est réfugiée en France, où elle a obtenu la nationalité française en 2017. Elle est devenue membre de la Ligue française des droits de l’Homme (LDH) - une organisation membre de la FIDH - et est une ancienne membre de son Comité national.
L’Observatoire et la LDH rappellent qu’en raison de ce harcèlement judiciaire et sous la menace constante d’une arrestation arbitraire, la vie et le travail en Turquie de Pinar Selek ont été fortement perturbés. De plus, cette scandaleuse condamnation à perpétuité peut s’accompagner de millions d’euros de dommages et intérêts qui viendront exercer une pression financière sans précédent sur Pinar et sa famille.
L’Observatoire et la LDH appellent les autorités turques à annuler immédiatement et sans condition la condamnation à perpétuité de Pinar Selek et réitèrent leur appel à mettre fin au harcèlement judiciaire ininterrompu dont elle fait l’objet, car il semble ne viser qu’à la sanctionner pour son exercice légitime de la liberté d’opinion et d’expression.