Récemment distingué par la ville de Paris, Nabeel Rajab de nouveau persécuté

06/07/2018
Communiqué
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Le 18 juin 2018, alors qu’une cérémonie de remise de citoyenneté d’honneur était organisée à l’Hôtel de ville de Paris en l’honneur du défenseur des droits humains Nabeel Rajab, détenu au Bahreïn, les services de police sont entrés dans sa cellule et ont confisqué tous ses effets personnels. L’annonce de la distinction avait auparavant ulcéré les autorités bahreïnies et déclenché un imbroglio diplomatique entre la France et le royaume. Soumis à un régime carcéral particulièrement sévère, Nabeel a de nouveau été temporairement transféré vers un hôpital le 2 juillet 2018, avant d’être renvoyé dans sa cellule insalubre. La FIDH condamnent ce harcèlement inhumain et réitèrent leur demande de libération immédiate.

Le 6 juin, le Conseil de Paris attribuait la Citoyenneté d’honneur de la ville de Paris à Nabeel Rajab, Président du Bahrain Center for Human Rights (BCHR) et Secrétaire général adjoint de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH). Cette distinction est réservée aux militants des libertés emblématiques, pour saluer leur combat et contribuer à leur libération. Parmi les précédents lauréats : Nelson Mandela, Taslima Nasreen ou encore Ales Baliatski. Le 12 juin, le Parlement Européen votait une résolution appelant à la libération de Nabeel, le qualifiant de « symbole pour les défenseurs des droits humains et de la liberté d’Expression au Bahreïn » et décrivant les procès à son encontre comme « contraires aux propres engagements du gouvernement » du royaume.

Alors que le 18 juin se déroulait la cérémonie de remise du prix à Paris, sa cellule était mise à sac par plusieurs policiers et tous ses effets personnels confisqués. Ces représailles humiliantes s’inscrivent dans le sillage du harcèlement systématique que subit Nabeel depuis des années, en représailles de son action de défense des droits humains au Bahreïn et dans les États du Golfe.

La distinction accordée par le Conseil de Paris a pour sa part engendré une crise diplomatique ouverte entre la France et le Bahreïn.

La santé de Nabeel Rajab est de plus en plus préoccupante, aggravée par des conditions de détention drastiques, et une obstruction délibérée d’accéder à des soins de santé appropriés. Dans la nuit du 1er au 2 juillet, Nabeel a été extrait de sa cellule pour être transféré vers un hôpital, suite à des douleurs extrêmement vives au dos et des difficultés de plus en plus grandes à se mouvoir. Ces douleurs sont les conséquences directes d’un précédent passage à tabac par les services de police, et nécessitent depuis des années une opération. Le manque d’exercice physique, Nabeel étant cloîtré 23 heures par jour, aggrave d’autant plus son état de santé.

Lors de sa consultation hospitalière, Nabeel Rajab a été perfusé, a reçu des médicaments antidouleurs, puis a été renvoyé en prison. Il n’a pu recevoir d’examens ou traitements complémentaires. Il souffre par ailleurs d’autres problèmes de santé qui ne sont pas soignés.

« Sans traitements appropriés, les problèmes de santé de Nabeel lui occasionnent de grandes souffrances. Le choix des autorités bahreïnies de maintenir ces souffrances en lui refusant des soins appropriés doit être interprété comme un mauvais traitement et une mise en péril délibérée de sa vie. Nous appelons les chancelleries présentes à Manama à faire pression sur les autorités pour mettre un terme à ce régime inhumain et lui permettre de recevoir les soins nécessaires. Tout en leur demandant d’exiger sa remise en liberté inconditionnelle, également demandée par le Haut Commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies et par le Parlement Européen. »

Dimitris Christopoulos, Président de la FIDH

Les conditions de détention du militant des libertés demeurent épouvantables. Cloîtré dans une cellule sale et sinistre, infestée d’insectes, Nabeel ne dispose même pas d’une table sur laquelle manger. En dépit de ses problèmes de dos, les autorités le contraignent à manger à même le sol. Parmi ses nombreuses privations, il lui est interdit d’avoir des livres, de lire des journaux, de disposer d’une télévision ou de matériel pour écrire.

Objet de plusieurs campagnes internationales demandant sa libération, Nabeel Rajab est en prison depuis 2016, pour des tweets, interviews et tribunes dénonçant la guerre menée par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite au Yémen et l’usage de la torture dans les prisons bahreïnies.

Press contact
Ms. Maryna Chebat (French, English) - Tel : +33648059157 (Paris)
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