RDC : Arrestation du fugitif Christian Ngoy Kenga Kenga : un espoir pour la justice et la vérité dans l’affaire Chebeya / Bazana

04/09/2020
Communiqué

Paris - Genève, le 4 septembre 2020 - Dix ans après l’assassinat de Floribert Chebeya et la disparition de Fidèle Bazana, le commandant Christian Ngoy Kenga Kenga, considéré comme fugitif dans cette affaire, a été arrêté hier à Lubumbashi sous des accusations de « détention d’armes de guerre ». L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) espère que cette arrestation contribuera à relancer la procédure judiciaire dans l’affaire Chebeya / Bazana, afin que tous les responsables soient identifiés, jugés et sanctionnés.

Alors que depuis dix ans, seule une parodie de justice a été rendue dans le procès des assassins présumés du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et de la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana, l’arrestation de Christian Ngoy constitue une occasion importante de relancer cette affaire judiciaire.

Christian Ngoy était en fuite depuis le double assassinat, et circulait en toute liberté dans le sud de la RDC bien que condamné lors du procès en première instance en 2011. Un autre fugitif, l’ancien policier Jacques Mugabo, avait lui aussi été condamné en 2011 et n’a pour l’heure toujours pas été inquiété. Tous deux sont proches du Général John Numbi Banza Tambo, considéré comme le commanditaire de ces actes, et qui n’a pour sa part jamais été poursuivi. Le Général Numbi était, à l’époque des faits, Inspecteur général de la police et est aujourd’hui Inspecteur général de l’armée congolaise et sous sanctions de l’Union européenne depuis 2016 pour son rôle présumé dans des atteintes à la démocratie et au processus électoral en RDC.

« L’arrestation de Christian Ngoy constitue un espoir pour la justice et la vérité concernant l’assassinat de Floribert Chebeya et la disparition de Fidèle Bazana en RDC. Il est désormais temps d’identifier, d’arrêter, de juger et de sanctionner l’ensemble des responsables impliqués dans cette affaire, en particulier le général John Numbi, suspecté d’être le commanditaire des crimes » , a déclaré Alice Mogwe, présidente de la FIDH.

Floribert Chebeya, directeur exécutif de la Voix des sans voix pour les droits de l’Homme (VSV) et membre de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), et Fidèle Bazana, également membre de la VSV, ont disparu le 1er juin 2010 alors qu’ils se rendaient à un rendez-vous avec M. John Numbi Banza Tambo. Le corps de Floribert Chebeya a été retrouvé sans vie par la police le lendemain, alors que celui de Fidèle Bazana n’a jamais été retrouvé.

« Dix ans après la mort de Floribert et Fidèle, il est urgent qu’un terme soit mis à l’intolérable impunité qui perdure et que toute la lumière soit enfin faite sur leur double assassinat » , a déclaré Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT. « L’arrestation de Christian Ngoy constitue une occasion importante pour la justice et la vérité en RDC » a-t-il conclu.

Le 23 juin 2011, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a condamné quatre des huit policiers prévenus dans l’affaire à la peine capitale, un cinquième à la prison à perpétuité, et acquitté les trois autres. Le 17 septembre 2015, la justice congolaise a acquitté en appel quatre de ces policiers et allégé la condamnation du cinquième, faisant un véritable affront aux familles des victimes. En parallèle, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée, le 2 juin 2014, devant la justice sénégalaise sur la base de la loi sénégalaise dite de compétence extraterritoriale. Cette plainte visait l’un des responsables présumés du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, qui avait trouvé refuge au Sénégal. Le 26 août 2014, la justice sénégalaise a ouvert une information judiciaire sur ce double assassinat, alors que l’affaire était bloquée en RDC. À ce jour, aucune décision n’a cependant été rendue par la justice du Sénégal.

L’Observatoire, partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Pour plus d’informations, merci de contacter :
FIDH : Emmanuelle Morau : emorau@fidh.org / Eva Canan : +33 6 48 05 91 57 / ecanan@fidh.org
OMCT : Iolanda Jaquemet +41 79 539 41 06 / ij@omct.org

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