Cher Président Juan Orlando Hernández,
Nous soussignés, représentant plus de cinquante organisations internationales, vous faisons part de notre émoi et de notre préoccupation suite à l’assassinat de Berta Cáceres, militante écologiste et dirigeante du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH).
Comme vous le savez, Cáceres a été abattue par des hommes armés au petit matin du 2 mars 2016. Depuis de nombreuses années, du fait de son combat pour la préservation de la terre du peuple des Lenca face au projet hydroélectrique d’Agua Zarca sur le Río Blanco, Cáceres avait reçu de multiples menaces de mort et subi plusieurs tentatives d’enlèvement. Ces menaces s’étaient intensifiées durant les dernières semaines, après la reprise de la construction du barrage.
Nous exigeons qu’une enquête internationale et une enquête indépendante soient ouvertes pour faire toute la lumière sur les circonstances de la mort de Cáceres, et que sa famille et ses proches soient placés sous protection. Bien que la Commission interaméricaine des droits de l’homme ait autorisé Cáceres à bénéficier de mesures de protection d’urgence à la vue de son extrême vulnérabilité, elle avait accusé le gouvernement du Honduras de ne pas avoir respecté pleinement ses engagements.
Nous exigeons également une protection immédiate de Gustavo Castro Soto, activiste mexicain témoin de l’assassinat, pour lui assurer un retour sécurisé au Mexique.
L’affaire Berta Cáceres est l’assassinat qui a eu le plus de retentissement de tous ceux qui se sont produits au Honduras. Ces assassinats sont de plus en plus nombreux, et s’ajoutent à d’autres actes de violence et d’intimidation commis à l’encontre des défenseurs droits des indigènes à la terre. Le Honduras est le pays le plus dangereux du monde pour les défenseurs de l’environnement et des indigènes : au moins 109 activistes ont été assassinés entre 2010 et 2015. (ES)
L’affaire Berta Cáceres n’a pas échappé à la communauté internationale. Le sénateur américain Patrick Leahy vous a appelé à punir les responsables de ce « crime odieux » (EN). L’année dernière, la sénatrice américaine Barbara Boxer a adressé une lettre (EN) au Secrétaire d’État des États-Unis, John Kerry, dans le but de demander une protection plus rapprochée des activistes écologistes au Honduras. Cet appel était une conséquence directe de l’attribution à Cáceres du prestigieux Prix Goldman de l’Environnement 2015, qui récompense les activistes environnementaux locaux dans le monde entier. La nouvelle de son décès a été amplement relayée et discutée dans les médias internationaux.
Par la présente lettre, les plus de cinquante organisations internationales mentionnées ci-dessous exhortent le gouvernement du Honduras à s’assurer que les droits des peuples indigènes sur leurs terres soient respectés, et que les défenseurs de l’environnement honduriens puissent accomplir leur tâche légitime sans que leur sécurité ne soit menacée.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées,