Le Honduras doit toujours des comptes concernant l’assassinat de Berta Cáceres

05/12/2019
Communiqué
en es fr

Amériques / Europe, 5 décembre 2019

Plus d’un an après avoir prononcé une première condamnation, le Tribunal a rendu cette semaine son jugement et détaillé les condamnations de sept exécutants responsables de l’assassinat de la leader Lenca Berta Cáceres Flores et la tentative de meurtre du défenseur mexicain Gustavo Castro, parmi lesquels un employé et un ex-employé de DESA et un major actif et plusieurs officiers retraités des Forces armées honduriennes.

Dans son jugement, le Tribunal a condamné Sergio Rodriguez et Douglas Bustillo à 30 ans et 6 mois de prison pour leur implication en tant que coauteurs du meurtre de la défenseure. Mariano Díaz, quant à lui, a été condamné à 30 ans de prison pour l’assassinat de Berta Cáceres, tandis que Henrry Hernández, Elvin Rápalo, Óscar Torres et Edilson Duarte ont été condamnés à 34 ans de prison pour leur implication dans le meurtre de la leader Lenca et à 16 ans et 4 mois de prison pour le crime de tentative d’assassinat contre Gustavo Castro.

Au vu des éléments de preuve présentés lors du procès entre le 20 octobre et le 29 novembre 2018, dans son jugement, le Tribunal considère qu’il est prouvé que l’assassinat de Mme Cáceres a été planifié avec « la connaissance et le consentement des dirigeants de la société DESA » en réponse à l’opposition que Berta Cáceres a dirigée du Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH) contre la construction du barrage hydroélectrique Agua Zarca, imposé sur le territoire Lenca.

En tant qu’organisations membres de la Mission d’Observation pour le cas de Berta Cáceres, nous reconnaissons que ce verdict est une étape nécessaire vers l’enquête, le jugement et la condamnation de tous les commanditaires de ce crime. Cependant, nous observons avec préoccupation que le Honduras n’a pas progressé dans l’enquête relative à l’ensemble des personnes responsables de la planification et du financement de l’assassinat, malgré l’existence de preuves les reliant à l’affaire , ce que le Tribunal lui-même a souligné.

La Mission continue d’observer les procédures judiciaires relatives à l’assassinat de Berta Cáceres. Nous notons avec une grande préoccupation qu’à ce jour, seul le directeur général de DESA, David Castillo, a fait l’objet d’une enquête pour son rôle dans la planification du crime et que son procès a été caractérisé par une série de retards, ainsi que par des campagnes de diffamation, des menaces et des attaques contre le Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH) et le peuple Lenca.

Ainsi, nous rappelons que l’impunité persistera tant qu’il n’y aura pas d’avancée dans l’identification, le jugement et la sanction de tous les commanditaires des faits. Aussi, nous appelons le Honduras à avancer dans l’enquête concernant les dirigeants de DESA liés au cas et, dans le même temps, comme l’indique la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), nous exhortons les autorités à engager le processus de révocation de la concession du fleuve Gualcarque,qui demeure une source de risque pour la vie et l’intégrité du peuple Lenca et des communautés du COPINH.

À propos de la Mission d’Observation
La Mission d’Observation est composée d’organisations internationales et nationales, expertes en droits humains, droit international et droit pénal. Des membres de la Mission étaient présents en tant qu’observateurs au cours du premier procès relatif à l’assassinat de Berta Cáceres. A l’issue de ses travaux sur ce procès, la Mission publiera un rapport contenant ses principales conclusions, y compris s’agissant des déficiences structurelles du système judiciaire hondurien, qui continuent de limiter et d’entraver l’accès de la population à la justice. Pour en savoir plus sur la Mission et consulter nos rapports : https://www.observacionbertacaceres.org/

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  • Co-signataires

    Abogados Sin Fronteras Canadá
    Centro Para la Acción Legal en Derechos Humanos (CALDH)
    Centro de Asistencia Legal Para Pueblos Indígenas (CALPI)
    Centro de Investigación y Promoción de los Derechos Humanos (CIPRODEH)
    Centro por la Justicia y el Derecho Internacional (CEJIL)
    Comisión Internacional de Juristas (CIJ)
    Corporación Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (CAJAR)
    Due Process of Law Foundation (DPLF)
    Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación (ERIC-SJ)
    Federación Internacional de los Derechos Humanos (FIDH) en el marco del Observatorio para la Protección de Defensores de Derechos Humanos
    Guatemala Human Rights Commission (GHRC-USA)
    Impunity Watch
    National Lawyers Guild - International Committee
    Observatoire International des Avocats
    Organización Mundial Contra la Tortura (OMCT) en el marco del Observatorio para la Protección de Defensores de Derechos Humanos
    Plataforma Internacional Contra la Impunidad
    Joseph P. Berra, Promise Institute for Human Rights, UCLA School of Law

  • Organisations membres - Honduras
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