Burundi : déjà un an de détention pour Germain Rukuki, défenseur des droits humains

13/07/2018
Communiqué

Genève-Paris, le 13 juillet 2018 – A l’occasion du triste anniversaire de l’arrestation de Germain Rukuki, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (OMCT-FIDH) renouvelle son appel en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle du défenseur des droits humains, qui purge une peine de prison inique de 32 ans.

Aujourd’hui, Germain Rukuki, employé de l’Association des juristes catholiques du Burundi (AJCB), président de « Njabutsa Tujane », et ancien employé de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture Burundi (ACAT-Burundi), célèbre une année de détention arbitraire. Germain Rukuki a été condamné à une peine de 32 ans de prison pour le seul fait d’avoir collaboré avec l’ACAT-Burundi, une organisation qui documente les actes de torture et autres crimes commis dans le pays.

“Un an après son arrestation, il est essentiel de rappeler que la condamnation de Germain Rukuki est absolument inacceptable. Ce cas en dit long sur le régime en place : un État qui détruit sans aucun scrupule la vie de ceux qui s’engagent pour les droits des autres est un état criminel et les juges qui se rendent délibérément complices au cours d’un procès entachés par de multiples violations procédurales ne sont pas des juges mais des bourreaux. Pas un seul jour de plus de détention arbitraire ne peut être toléré."

Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT

Le 26 avril 2018, un tribunal a condamné le défenseur pour « mouvement insurrectionnel », « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » et « rébellion », à l’issue d’un procès entaché d’irrégularités. Ni Germain Rukuki ni ses avocats n’étaient présents à la lecture de la sentence. Sa condamnation et les fréquentes violations du droit à un procès équitable pendant son procès ont été fortement critiquées par la communauté internationale, qui a demandé à plusieurs reprises aux autorités burundaises de libérer Germain Rukuki et de mettre fin à toute forme de harcèlement judiciaire à son encontre.

En juin dernier, les avocats de M. Germain Rukuki ont signalé qu’il avait été opéré à l’hôpital de Ngozi après s’être fracturé une cheville et blessé à une épaule lors de sa détention. Toutefois, sept jours seulement après l’opération, M. Germain Rukuki a de nouveau été transféré à la prison de Ngozi, alors que son état de santé était encore critique et malgré le fait qu’il ait sollicité de rester à l’hôpital pour continuer de recevoir des soins de santé.

“Voilà un an que Germain Rukuki subit un acharnement effréné de la part du régime burundais, c’est un an de trop. Depuis 2015, le régime a démontré qu’il ne recule devant rien pour réduire au silence toute voix jugée dissidente et maintenir le climat de terreur dans lequel la population burundaise continue de vivre."

Sheila Muwanga, vice-présidente de la FIDH

L’Observatoire condamne fermement la condamnation de Germain Rukuki, arbitraire puisque ne visant qu’à sanctionner ses activités de défense des droits humains.

L’Observatoire rappelle aussi que, depuis 2015, les droits humains sont quotidiennement attaqués par les autorités burundaises qui ne tolèrent aucune critique et répriment tous ceux perçus comme opposés au régime. De même, la société civile burundaise dans sa globalité est constamment prise pour cible : fermeture des principales organisations de défense des droits humains, adoption de lois visant à restreindre le champ d’action des associations, disparitions forcées, arrestations et détention illégales de défenseurs, harcèlement judiciaire continu, et lourdes condamnations pénales.
 
L’Observatoire, partenariat de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la FIDH, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Contact presse :
OMCT : Marta Gionco :+41 22 809 49 39
FIDH : shanryon@fidh.org / +33.6.72.28.42.94. / @Sam_hanryon

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