Journaliste engagé, Merzoug Touati, à travers son travail, aborde les difficultés socio-économiques des citoyen·nes algérien·nes, la faillite des politiques publiques à l’échelle locale et nationale, et dénonce publiquement les atteintes graves aux libertés fondamentales dans son pays. Défenseur des droits humains, il a déjà été arrêté et incarcéré à plusieurs reprises ces dernières années. Ce harcèlement et cet acharnement judiciaires sont révélateurs de la restriction des libertés et de la répression systématique que subissent les journalistes, les avocat·es et bien d’autres acteur·rices de la société civile algérienne, depuis le commencement du Hirak populaire en février 2019.
Incarcéré à la prison de Ghardaïa, qui se trouve à 700 km de son lieu de résidence, Merzoug Touati a entamé le 29 mars 2022 une grève de la faim ignorée par les services pénitentiaires. Le protocole de soins adéquat pour les grévistes de la faim lui ayant été refusé, le journaliste a finalement dû être hospitalisé d’urgence à l’hôpital de Ghardaïa. Il a été transféré depuis à la prison de Bouira.
La détention arbitraire de Merzoug Touati est la conséquence directe de l’exercice de ses libertés de conscience, d’opinion et d’expression. Elle a lieu dans un climat général de négation des libertés fondamentales individuelles et collectives en Algérie, touchant particulièrement les journalistes et les médias en ligne. Les mauvais traitements et intimidations physiques et morales dont est victime Merzoug Touati sont extrêmement préoccupants, et ne peuvent que rappeler le décès après une grève de la faim des détenus Mohamed Tamalt et Kamal Eddine Fekhar en 2016 et 2019.
Le Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie, ainsi que 33 ONG algériennes, françaises et internationales appellent donc, à travers un appel urgent auprès des mécanismes spéciaux onusiens et africains, les autorités algériennes à libérer immédiatement le détenu Merzoug Touati, à cesser le harcèlement systématique exercé à l’encontre des journalistes et défenseur·es des droits humains et à garantir leur travail libre sans craintes de représailles. Nos organisations expriment également leurs vives inquiétudes face à la multiplication des détentions arbitraires de journalistes, et invitent les autorités algériennes à cesser ces pratiques, respectant ainsi les conventions internationales relatives à la liberté d’expression et au droit à un procès équitable, ratifiées par l’Algérie.