Lettre ouverte à Monsieur Abdoulaye Wade

Monsieur le Président,

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), ses organisations membres au Sénégal et au Tchad, la RADDHO, l’ONDH, la LTDH, l’ATPDH, ainsi que ses deux organisations membres en Belgique, la Ligue belge des droits de l’Homme et la Liga voor Menschenrechten, vous appellent à répondre favorablement à la demande d’extradition d’Hissène Habré vers la Belgique.

Une telle décision honorerait le Sénégal en tant qu’Etat de droit ; elle serait en outre conforme aux obligations internationales souscrites par votre pays au terme de la Convention des Nations unies contre la torture.

Le 29 septembre dernier, les autorités belges ont délivré un mandat d’arrêt international pour violations graves du droit humanitaire international à l’encontre de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré, qui vit actuellement au Sénégal et une demande d’extradition a été formulée.

Cette décision, attendue depuis longtemps, constitue une étape décisive dans la lutte engagée contre Hissène Habré par ses victimes, représentées par l’Association tchadienne des Victimes des Crimes et Répressions Politiques (AVCRP) et soutenues notamment par la FIDH. La FIDH et ses organisations membres estiment que la demande d’extradition d’Hissène Habré du Sénégal vers la Belgique en est la suite logique.

En l’absence d’un jugement d’Hissène Habré au Sénégal, la Cour de cassation s’étant déclarée incompétente à l’époque, pour le juger pour des crimes commis à l’étranger, il incombe au Sénégal de l’extrader vers la Belgique, dont la compétence de juridiction ne fait aucun doute. Nous nous étions félicités de votre engagement public en septembre 2001 et auprès de Koffi Annan, de donner suite à une telle demande si elle était formulée. Nous sommes donc confiants dans la suite qui pourra être donnée à la présente demande.

Au surplus, considérant les risques importants de fuite du suspect, nous vous demandons de prendre toute mesure nécessaire pour assurer sa présence au Sénégal dans l’attente de son extradition conformément à l’article 6 de la Convention des Nations unies contre la torture qui dispose que tout État partie sur le territoire duquel se trouve une personne soupçonnée d’avoir commis des actes de torture assure la détention de cette personne ou prend toutes autres mesures juridiques nécessaires pour assurer sa présence.

Par conséquent, la FIDH et ses organisations membres vous appellent à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher qu’Hissène Habré ne quitte le territoire sénégalais autrement qu’en vertu d’une procédure d’extradition et à répondre positivement à la demande d’extradition d’Hissène Habré par la Belgique.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

Pour la FIDH et ses organisations membres

Sidiki KABA

Président de la FIDH

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