Hissène Habré devant la justice sénégalaise : un espoir pour les victimes mais la vigilance est de mise

03/07/2006
Communiqué

La FIDH a pris connaissance avec grand intérêt de la décision de l’Union africaine réunie à Banjul ce week-end de juger l’ancien chef d’Etat tchadien, Hissène Habré au Sénégal.

La FIDH salue en effet les recommandations du Comité d’éminents juristes mis en place par l’Union africaine en janvier dernier pour leur conformité avec les dispositions de la Convention de 1984 contre la torture et les décisions du Comité des Nations unies contre la Torture (notamment celle du 21 mai 2006) qui obligent le Sénégal de poursuivre ou d’extrader toute personne présente sur son territoire présumée auteur d’actes de torture.

Pour rappel, bien que le Sénégal ait ratifié la Convention contre la Torture, la Cour de Cassation avait, en 2001, déclaré la justice sénégalaise incompétente pour juger Hissène Habré. Et, en 2005, la justice sénégalaise s’était une nouvelle fois déclarée incompétente pour statuer sur la demande d’extradition formulée par la Belgique.

« Outre le fait de renvoyer le Sénégal au respect de ses obligations conventionels, la décision de l’Union africaine envoie un signal fort : le mécanisme de compétence universelle - qui vient en aide aux victimes qui ne trouvent pas justice dans leur propre pays - n’est pas l’apanage des pays européens » a déclaré Sidiki Kaba, président de la FIDH.

La FIDH souligne que la lutte contre la torture doit être menée au niveau universel ; il incombe en effet à l’ensemble des pays de mettre en œuvre les mécanismes permettant que de telles pratiques soient réprimées, que leurs auteurs soient poursuivis et que les victimes obtiennent justice et réparation.

La FIDH demande aux autorités sénégalaises de prendre les mesures législatives nécessaires visant à étendre la compétence des tribunaux sénégalais pour couvrir les crimes dont Habré est accusé.

La FIDH demande instamment aux autorités sénégalaises de coopérer avec les autorités belges afin que leur soit transmis l’ensemble des pièces de l’instruction ce qui représente des années d’enquêtes et de rassemblement de preuves.

La FIDH insiste pour que le procès de Hissène Habré soit exemplaire et respecte ainsi l’ensemble des normes internationales en vigueur. L’indépendance et l’impartialité de la justice sénégalaise sont des conditions sine qua none pour que justice soit rendue aux victimes tchadiennes.

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