Tunisie : score dictatorial pour Kais Saied, fossoyeur de la révolution

Chedly Ben Ibrahim / NurPhoto / NurPhoto via AFP
  • Le Président tunisien Kaïs Saïed a été réélu avec 90,7 % des suffrages lors de l’élection présidentielle tunisienne du 6 octobre 2024.
  • Cette réélection conforte le processus de restauration de la dictature à l’œuvre depuis le coup d’État du 25 juillet 2021 et éloigne encore plus la Tunisie des espoirs de sa transition démocratique.
  • La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) exprime son inquiétude pour la situation des droits et libertés menacés et pour le sort des défenseur⋅ses des droits humains en Tunisie, confronté⋅es à une vague de répression sans précédent depuis 2011.

11 octobre 2024. C’est après avoir fait emprisonner un des ses deux concurrents au scrutin, et empêché toute campagne, que Kaïs Saïed a été réélu avec 90,7 % des suffrages exprimés le 6 octobre 2024. Ce score se voulant plébiscite est avancé sur la base d’un taux de participation annoncé à 28,8 %, le plus bas depuis la révolution en 2011. En outre, aucune des statistiques électorales fournies par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), indépendante que de nom, ne peuvent être vérifiées.

Pour garantir la victoire du Président sortant, l’ISIE a désobéi à la décision du Tribunal administratif de réintégrer trois candidats dans la liste du scrutin à l’élection présidentielle, une première en Tunisie. Autre indicateur frappant du faible degré de fiabilité de ces élections, l’ISIE a rejeté la demande des organisations de la société civile qui observaient toutes les élections depuis 2011 telles que I-Watch et Mourakiboun. De même tou⋅tes les journalistes étranger⋅es souhaitant se rendre en Tunisie pour y couvrir la période du scrutin se sont vu⋅es refuser leur accréditation.

Ces élections doivent être considérées pour ce qu’elles sont : une mascarade démocratique. Le dictateur de la Tunisie conforte son emprise sur le pouvoir. Les voix dissidentes sont muselées. Sa présidence depuis son élection en 2019 et a fortiori depuis son coup d’État du 25 juillet 2021 a été caractérisée par une mainmise brutale sur tous les pouvoirs et les institutions tunisiennes.

La FIDH a alerté, à travers le comité de soutien aux libertés en Tunisie, sur le retour à la dictature et la passivité des partenaires internationaux de la Tunisie, en particulier l’Union européenne. À présent la crainte d’une intensification de la répression de toute la société civile en Tunisie est immense. La FIDH est particulièrement attentive à la situation de ses organisations membres en Tunisie, à ses partenaires, ainsi qu’à l’ensemble du mouvement des droits humains et de ses défenseur·es. L’Union européenne doit retirer au plus vite son soutien, explicite ou implicite, au régime de Kaïs Saïed. Ceci implique de réviser sa politique migratoire, qui n’est rien de plus qu’une sous-traitance à une dictature de la gestion des flux. En d’autres termes, une externalisation complice des violations des droits humains des migrant⋅es.

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