13 septembre 2024. Il y a urgence à ne pas abandonner la Tunisie à la dictature et à la misère économique. La société civile tunisienne, confrontée à un déferlement autoritaire sans pareil depuis 14 ans, a besoin d’un élan de solidarité internationale. Les violations des droits humains, contre toute voix contestataire ou contre les migrant⋅es subsaharien⋅nes, doivent être dénoncées sur la scène mondiale. Le Président Kaïs Saïed, au pouvoir à la faveur d’un coup d’État institutionnel en 2021, ne doit pas accéder à la réélection lors de l’élection prévue le 6 octobre 2024 sans contestation.
En Tunisie ce sont des centaines d’opposant⋅es, d’activistes, de magistrat⋅es et de journalistes qui sont harcelé·es, arrêté·es et emprisonné·es pour de simples délits d’opinion. Presque tous les prétendant⋅es à la fonction présidentielle ont été disqualifié⋅es, intimidé⋅es et même parfois arrêté⋅es. Face à cette escalade inquiétante, la FIDH annonce la création d’un comité de soutien international aux libertés en Tunisie. Composé de 20 membres issus de 13 pays, ils et elles sont défenseur⋅ses des droits humains, avocat⋅es, écrivain⋅es, professeur⋅es, chercheur⋅ses et militant⋅es. Ils et elles réclament des élections libres et transparentes, la libération de toute personne injustement détenue, ainsi que la fin de toute mesure répressive contre la société tunisienne.
« Il est de notre devoir d’alerter sur la situation en Tunisie, annonce Yosra Frawes, responsable du bureau Maghreb et Moyen-Orient de la FIDH. En créant ce comité, nous voulons initier un élan de solidarité internationale en soutien à la société civile tunisienne. Celle-ci lutte courageusement pour la justice et la liberté. Nous refusons l’étouffement du rêve d’une démocratie dans le monde arabe sous les yeux, et parfois avec l’aide, des démocraties traditionnelles. Ces dernières troquent leurs valeurs contre des accords de gestion des flux migratoires, c’est un usage inacceptable de leur influence en Tunisie. »
La mission de ce comité sera d’amplifier les appels des organisations de défense des droits humains tunisiennes, de dresser le bilan du recul des libertés et de livrer des recommandations au gouvernement tunisien ainsi qu’à ses partenaires internationaux. Il vient renforcer le combat des Tunisien⋅nes, si légitime, pour reconquérir l’espace démocratique et restaurer l’état de droit en Tunisie . Il compte parmi ses membres des personnalités telles que Shirin Ebadi, avocate iranienne et prix Nobel de la paix, Patrick Baudouin, avocat et ex-président de la Ligue des droits de l’Homme en France, Leila Chahid, ancienne ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, Alexis Deswaef, avocat et vice-président de la FIDH ou encore Pinar Selek, antimilitariste et éco-féministe franco-turque.
Ce comité s’inscrit dans la continuité des aspirations et des revendications de la révolution de 2010-2011, demandant plus de justice sociale, d’égalité, de libertés, de dynamisme et d’opportunités pour les femmes et la jeunesse.
Liste complète des membres du comité :
– Zakaria Abdillahi, avocat, président de la Ligue djiboutienne des droits humains, ancien magistrat et vice-président de la FIDH, Djibouti.
– Gilbert Achcar, professeur à la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres, Liban.
– Rasmus Alenius Boserup, directeur exécutif du réseau EuroMed Droits, ancien directeur d’études à l’Institut danois d’études internationales, Danemark.
– Wadie Asmar, président du Centre Libanais des Droits de l’Homme et président d’EUROMED Droits, Liban.
– Patrick Baudouin, avocat et ancien président de la Ligue des droits de l’Homme, président d’honneur de la Fédération internationale pour les droits humains, France.
– Joel Beinin, professeur d’histoire et professeur émérite d’histoire du Moyen-Orient à l’Université de Stanford, États-Unis d’Amérique.
– Mostefa Bouchachi, avocat, homme politique, président de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme 2007 à 2012, Algérie.
– Raffaella Bolini, dirigeante de la grande association italienne Arci et membre du Conseil international du Forum social mondial (FSM), Italie.
– Alexis Deswaef, avocat, ancien président de la Ligue Belge des Droits de l’Homme et vice-président de la FIDH, Belgique.
– Shirin Ebadi, avocate, ancienne juge et militante des droits humains, Prix Nobel de la paix 2003, Iran.
– Kamal Lahbib, secrétaire exécutif du Forum des alternatives Maroc, membre fondateur du Forum Vérité et Justice, de l’Espace associatif et de l’Observatoire national des prisons, Maroc.
– Gustave Massiah, ingénieur et économiste, membre du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale - CEDETIM, France.
– Alice Mogwe, présidente de la Fédération internationale des droits humains, fondatrice et directrice de Ditshwanelo, le Centre pour les droits humains du Botswana, Botswana.
– Aissa Rahmoune, secrétaire général de la FIDH, militant de la ligue algérienne des droits de l’homme, Algérie.
– Khadija Riadi, militante des droits humains, présidente de la Coordination Maghrébine des Organisations des Droits Humains, Maroc.
– Pinar Selek, sociologue, maîtresse de conférence à l’Université Nice Côte d’Azur, conteuse, écrivaine et militante antimilitariste et éco-féministe franco-turque, Turquie-France.
– Leïla Shahid, ancienne ambassadrice de Palestine auprès de l’UE et ancienne Déléguée Générale de Palestine en France, Palestine.
– Giovanna Tanzarella, responsable de l’Université populaire, actrice de la société civile méditerranéenne, Italie.
– Marie-Christine Vergiat, juriste, militante associative et femme politique française, députée européenne de 2009 à 2019, France.