lettre ouverte au Président Chirac

26/11/2003
Communiqué

Monsieur le Président de la République,

Le 3 décembre prochain, vous vous rendrez à Tunis en visite officielle et pour le premier sommet des chefs d’Etat du « Dialogue 5 + 5 ». A cette occasion, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) souhaite attirer votre attention sur la situation alarmante des droits de l’Homme en Tunisie (note c-jointe).

En particulier, la FIDH souhaite insister sur le cas extrêmement préoccupant de Me Radhia Nasraoui. Avocate et infatigable militante pour le respect des droits de l’Homme en Tunisie, Me Nasraoui se trouve actuellement au 41ème jour d’une grève de la faim qui fait désormais craindre pour sa vie. Le 15 octobre dernier, Me Nasraoui a entamé une grève de la faim pour protester contre les nombreuses entraves dont elle fait l’objet dans sa profession d’avocat, et contre le harcèlement de sa famille, de son entourage et de ses clients. Comme nombre de défenseurs des droits de l’Homme, avocats et magistrats, cette femme courageuse fait l’objet depuis des années d’un harcèlement constant : téléphones coupés, surveillance systématique, entraves à la liberté de circulation, agressions, saccage de son cabinet, etc.

La FIDH, dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (programme conjoint avec l’Organisation mondiale contre la torture -OMCT) ; a récemment mandaté une mission de solidarité avec Radhia Nasraoui. Les membres de la mission ont pu témoigner de son état de santé plus qu’alarmant mais également de sa très grande détermination. Une seconde mission de la FIDH, Amnesty international, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme, Avocats sans frontières, Le barreau de Paris et le barreau de Nanterre se rendra en Tunisie le 28 novembre, pour lui apporter son soutien avec l’espoir de contribuer à débloquer une situation qui menace dangereusement son état de santé et sa vie. La mission demande ainsi aux autorités tunisiennes de faire cesser le harcèlement contre Radhia Nasraoui et tous les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie.

La FIDH prend bonne note des déclarations selon lesquelles "la grève de la faim de Maître Radhia Nasraoui est suivie par les autorités françaises qui l’évoquent régulièrement avec [leurs] interlocuteurs tunisiens". Monsieur le Président, convaincus de votre attachement aux valeurs de liberté et de droits de l’Homme et en vertu des relations privilégiées que la France entretient avec la Tunisie, nous vous prions de prendre toute initiative permettant de trouver une issue à cette situation.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre plus haute considération

Sidiki Kaba
Président

Lire la suite