Lettre ouverte à M Ben Ali, Président de la Tunisie

02/04/2004
Rapport

Monsieur le Président,

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) vous fait part de sa vive préoccupation au sujet de l’état de santé de Messieurs Jalel Ayyed et Abdellatif Makki, ressortissants tunisiens en grève de la faim depuis le 7 février 2004, pour protester contre la privation de leur droit à l’éducation énoncé à l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. M Makki se trouve dans une situation extrêmement critique pour sa santé, et la FIDH craint aujourd’hui pour sa vie. Il a été transporté d’urgence ce samedi 27 mars à l’Hopital Rabta à Tunis, où il a refusé de suspendre sa grève de la faim et de s’alimenter, malgré sa perte de 20 kg et les vives inquiétudes des médecins à son sujet. M Ayyed est également épuisé par ces 55 jours de grève de la faim.

Le droit à l’éducation est garanti par l’article 1er de la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement, adoptée par la Conférence générale de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture le 14 décembre 1960, entrée en vigueur le 22 mai 1962, et ratifiée par la Tunisie le 29 août 1969. Il est également énoncé dans les article 2 et 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966, ratifié par la Tunisie le 18 mars 1969.

La FIDH rappelle qu’en vertu de ces instruments de droit internationaux, il incombe à la Tunisie de veiller au respect du droit à l’enseignement et de prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’accès à l’éducation ne soit entravé par des discriminations d’aucune sorte, et notamment de nature politique.
En l’espèce, nous avons toutes les raisons de craindre que le refus d’inscription en Faculté de Médecine et l’interdiction d’accès aux laboratoires de recherche dont sont victimes MM Makki et Ayyed, soient motivés par leurs activités politiques et syndicales passées, activités pour lesquelles ils ont effectué une peine de prison de respectivement 10 et 8 ans. A l’évidence, les refus opposés à MM Jalel Ayyed et Abdellatif Makki constituent en tout état de cause une violation flagrante des obligations qui incombent à la Tunisie en matière de droit d’accès à l’enseignement.

La FIDH vous demande donc de prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir le plein accès au droit à l’éducation de MM Makki et Ayyed, et de procéder à leur réintégration en Faculté de Médecine dans les plus brefs délais.

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