Les autorités resserrent l’étau sur les défenseurs des droits de l’Homme

25/01/2001
Communiqué

Ce matin, la police a perquisitionné le siège de l’Association des droits de l’Homme de Turquie (IHD)[1] : l’ensemble des ordinateurs de l’Association ont été saisis, ainsi que des documents et toutes ses disquettes. L’organisation est désormais privée de son matériel informatique et de tout accès à l’Internet. Il s’agit ainsi de l’empêcher de poursuivre ses activités de défense et de promotion des droits de l’Homme.

Cette attaque fait suite à une décision du 9ème tribunal pénal d’Ankara qui a été saisi, le 22 janvier, par le Procureur d’Ankara, sous prétexte que l’IHD aurait bénéficié d’un soutien financier du Ministère des Affaires étrangères grec sans l’autorisation préalable des autorités. La Cour a ordonné une recherche d’informations afin d’étayer cette accusation.

Le 19 janvier, l’agence de presse Anatolia avait publié une information, reprise le lendemain par le quotidien turc Hurriyet et par deux chaînes de télévision turques, prétendant que l’IHD aurait bénéficié de financements du Ministère des Affaires étrangères grec. Les télévisions NTV et CNN Turk ont corrigé l’information par la suite, à la requête de l’IHD, qui dément formellement cette accusation.

L’Observatoire condamne avec la plus grande fermeté cette mesure répressive. L’accusation portée contre l’IHD est fallacieuse et ne constitue qu’un simple prétexte pour justifier cette nouvelle et terrible entrave à ses activités.

Un seuil critique vient ainsi d’être franchi par les autorités, qui ont intensifié de manière très inquiétante au cours des derniers mois leur stratégie de répression visant à empêcher les activités de l’IHD. Ainsi, cinq branches de l’IHD - y compris à l’Ouest de la Turquie - ont été fermées par les autorités depuis le 5 décembre.

Par ailleurs, le Ministère des Affaires étrangères turc a fait paraître sur son site Internet une information visant à décrédibiliser l’IHD, mettant en cause son caractère impartial et objectif, et l’accusant de soutenir le séparatisme et de s’engager dans des activités politiques.

L’Observatoire appelle le gouvernement turc à mettre fin immédiatement au harcèlement et aux attaques contre l’IHD, et de manière plus générale, contre l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme (notamment les membres de la Fondation Turque des Droits de l’Homme).

Ces faits contreviennent en effet aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme qui lient la Turquie, ainsi qu’à la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée le 9 décembre 1998 par l’Assemblée générale des Nations Unies (en particulier, art. 6 qui consacre le droit " de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales " ; art. 13 : " Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de solliciter, recevoir et utiliser des ressources dans le but exprès de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales par des moyens pacifiques ").

L’Observatoire appelle également l’Union européenne à faire preuve de la plus grande fermeté vis-à-vis de la Turquie, en tant que pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Aujourd’hui, la Turquie n’hésite pas à réprimer ouvertement les organisations indépendantes, en flagrante violation de la liberté d’expression.

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