La FIDH interpelle les chefs d’Etat participant au « Dialogue 5 + 5 » sur la situation des droits de l’Homme en Tunisie

02/12/2003
Communiqué

A l’occasion du premier sommet des chefs d’Etat du « Dialogue 5 + 5 », qui se tiendra à Tunis les 5 et 6 décembre prochains,
la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a adressé une note aux chefs d’Etat participant sur la situation très préoccupante des droits de l’Homme en Tunisie.

En effet, la Tunisie se caractérise par de nombreuses atteintes aux droits de l’Homme, contrairement au discours des autorités tunisiennes. La liberté d’information est strictement contrôlée comme en témoignent l’uniformité de l’information, les restrictions à l’usage de l’internet, l’emprisonnement de journalistes tels que Zouari qui a été condamné une nouvelle fois pour non-respect d’une astreinte à résidence au terme de 11 années déjà passées en détention.

Par ailleurs, plus de 600 prisonniers politiques sont encore aujourd’hui détenus dans les prisons tunisiennes, et sont victimes de traitements inhumains et dégradants. Parmi eux 35 détenus politiques sont soumis à l’isolement total, certains depuis plus de 12 ans. La FIDH a également insisté sur le cas de Lofti Farhat, actuellement en grève de la faim, condamné à 7 ans de prison en 2001 par un tribunal militaire pour « complot contre l’Etat », alors même que ses aveux ont été obtenus sous la torture.

Outre la liberté de fonder des partis politiques qui est inexistante en Tunisie, la liberté d’association reste limitée et de nombreuses associations ne sont pas autorisées. Des associations reconnues sont également entravées dans leurs activités à l’instar de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) qui fait l’objet de nombreuses procédures judiciaires. Par ailleurs, une subvention de l’Union européenne destinée à la LTDH est actuellement bloquée par les autorités tunisiennes.

Les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens, les avocats, magistrats et leur famille font l’objet de harcèlement et d’une répression toujours croissants : téléphones coupés, surveillance systématique, entraves à la liberté de circulation, agressions physiques, procédures judiciaires... En particulier, la FIDH a insisté sur le cas extrêmement préoccupant de Me Radhia Nasraoui. Avocate et infatigable militante pour le respect des droits de l’Homme en Tunisie, Me Nasraoui se trouve actuellement au 46ème jour d’une grève de la faim qui fait désormais craindre pour sa vie. Le 15 octobre dernier, Me Nasraoui a entamé une grève de la faim pour protester contre les nombreuses entraves dont elle fait l’objet dans sa profession d’avocat, et contre le harcèlement de sa famille, de son entourage et de ses clients. En vertu des relations privilégiées entre la France et la Tunisie, la FIDH a interpellé directement le Président de la République française pour qu’il prenne toute initiative permettant de trouver une issue à cette situation.

La FIDH et l’OMCT, dans le cadre de leur programme conjoint, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, et conjointement avec Amnesty International, Avocats Sans Frontières-Belgique, le Barreau de Paris, et le Barreau des Hauts-de-Seine, ont mandaté trois chargés de mission entre le 28 et le 30 novembre, qui ont pu constater une dégradation extrêmement préoccupante de l’état de santé de Radhia Nasraoui.

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