La FIDH extrêmement préoccupée par la situation d’un détenu en grève

09/01/2004
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime son extrême préoccupation concernant la situation de Karim Harouni, détenu politique tunisien qui observe une grève de la faim depuis 54 jours pour exiger sa libération et protester contre ses conditions d’incarcération. La FIDH a été informée de la grave dégradation de son état de santé qui fait désormais craindre pour sa vie. En effet, il semble avoir perdu sa lucidité et ne peut plus se tenir debout.

Karim Harouni, ancien secrétaire générale de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE) avait été condamné à perpétuité en 1992 par un tribunal militaire pour appartenance à une organisation illégale, peine qui avait été ramenée à 30 ans de prison en 2002. Il est détenu depuis 1992 en isolement total, dans des conditions particulièrement difficiles, et n’est autorisé à recevoir des visites que de sa famille proche. En outre, il se trouve aujourd’hui détenu à la prison de Sfax à près de 300 kms de sa famille. La FIDH rappelle que le maintien en isolement auquel sont soumis 35 détenus politiques pro-islamistes en Tunisie, constitue une violation flagrante de la Convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants.

La FIDH exprime également son inquiétude face à la situation de Ajmi Lourimi, condamné à la perpétuité en 1992, qui observe une grève de la faim depuis 21 jours et celle de plusieurs détenus de la prison de Borj El Amri qui mènent des grèves de la faim alternées depuis plusieurs mois pour demander leur libération et dénoncer leurs conditions de détention.

Plus de 600 prisonniers politiques sont aujourd’hui détenus dans les prisons tunisiennes. Les prisonniers tunisiens, et notamment les prisonniers d’opinion, sont encore victimes de traitements inhumains et dégradants et sont souvent privés des soins vitaux que requiert leur état de santé.

La FIDH demande aux autorités tunisiennes :

 de veiller au respect de l’intégrité physique et morale de Karim Larouni et des autres détenus en grève de la faim et à ce que les malades reçoivent des soins pendant et après leur incarcération ;
 de veiller à ce que tout procès soit juste et équitable ;
 de procéder à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinions ;
 la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers d’opinion ;
 de faire cesser les mauvais traitements à l’égard des prisonniers en Tunisie et d’améliorer leurs conditions de détention et veiller à ce que les conditions réelles d’incarcération des prisonniers soient conformes à la loi du 14 mai 2001 sur l’organisation des prisons.
La FIDH demande en outre à ce que le Rapporteur Spécial sur la torture des Nations Unies soit autorisé à se rendre en Tunisie.

Lire la suite