LA METHODE FORTE PLUTOT QUE LE DIALOGUE

11/07/2000
Communiqué

LE PRESIDENT DE LA FIDH ET LA RESPONSABLE MAGHREB D’AMNESTY INTERNATIONAL REFOULES DE TUNISIE

Aujourd’hui mardi 11 juillet, Patrick Baudouin, Président de FIDH, ainsi que deux représentants d’Amnesty international - Donatella Rovera, du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord au Secrétariat international et Hassina Giraud, de la Section française

 se sont vu interdire l’accès au territoire tunisien dès leur descente d’avion. Plusieurs représentant de missions diplomatiques, notamment des ambassades européennes, les attendaient à l’aéroport, ainsi que les représentants du comité directeur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), et d’autres ONG. Ils se rendaient en Tunisie pour une mission de contact avec les défenseurs des droits de l’Homme. La FIDH proteste vigoureusement contre ce refoulement, qui démontre malheureusement, une fois de plus, le décalage entre le discours des autorités tunisiennes sur les droits de l’Homme et leur pratique.

Le même traitement avait été réservé au Président de la FIDH en 1996. La FIDH avait alors fermement condamné l’attitude des autorités tunisiennes, qui plaçait la Tunisie dans la catégorie des rares Etats qui vont jusqu’à refuser l’accès de leur territoire aux observateurs internationaux non-gouvernementaux (l’Iran, la Chine ou la Birmanie). Quant à Donatella Rovera, elle était considérée comme indésirable en Tunisie depuis 1994. Plusieurs années plus tard, force est de constater que la position tunisienne sur les droits de l’Homme n’a guère évolué.

Les autorités tunisiennes avaient pourtant été prévenues de cette visite par la FIDH et des discussions étaient en cours sur la possibilité d’une rencontre du Président de la FIDH avec les autorités tunisiennes dans les prochains mois. Le recours à la méthode forte alors même que la FIDH avait fait part de sa volonté de dialogue est donc aussi surprenant qu’incohérent.Patrick Baudouin se rendait en Tunisie pour y effectuer une visite de deux jours et rencontrer les défenseurs des droits de l’Homme partenaires de la FIDH, parmi lesquels les membres de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, du Conseil National des Libertés en Tunisie. Il devait aussi se rendre auprès de Nadia Hammami, fille de Hamma Hammami, le porte-parole du PCOT (Parti communiste des ouvriers tunisiens, interdit), qui vit en clandestinité depuis sa condamnation à 9 ans de prison en février 1998. Nadia, 17 ans, est en grève de la faim depuis maintenant 13 jours et son état de santé est très inquiétant. La FIDH a rejoint l’appel international pour le rétablissement de Hamma Hammami dans ses droits.

La FIDH réaffirme sa solidarité avec les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens, qui se trouvent privés de la possibilité de se réunir et travailler, dans leur propre pays, avec les organisations internationales dont ils sont pourtant membres et partenaires, en contradiction flagrante avec la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme (article 5) adoptée en décembre 1998.

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