Escalade de la répression

07/02/2001
Communiqué

La FIDH, gravement préoccupée par la dégradation continue des droits de l’Homme en Tunisie et par le durcissement de l’attitude des autorités à l’égard des défenseurs, tient à exprimer sa vive inquiétude et son indignation à la suite de l’agression en pleine rue, le samedi 3 février 2001, de Jalel Zoghlami et de la brutale intervention policière devant son domicile, dans la soirée du mardi 6 février.

Jalel Zoghlami, membre de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), du Conseil National des Libertés (CNLT), et de Raid (section tunisienne d’Attac), venait de lancer, le 26 janvier 2001, un journal - non autorisé à ce jour - intitulé " Kaws El Karama " (l’arc de la dignité).

Arrêté, notamment, le 26 avril 2000 devant le domicile de son frère, le journaliste Taoufik Ben Brik alors en grève de la faim, Jalel Zoghlami avait été condamné à trois mois de prison ferme pour " agression contre les agents de l’ordre ", puis libéré, le 1er mai 2000, à la suite d’une importante campagne internationale de soutien et de l’appel qu’il avait interjeté contre le jugement de première instance.

A la suite de l’agression du samedi 3 février, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, programme de la FIDH et de l’OMCT, a lancé un appel urgent dénonçant " le harcèlement dont Jalel Zoghlami et son frère sont l’objet de façon récurrente, au seul motif de leur engagement en faveur des libertés fondamentales ".

L’agression du 3 février 2001 nous remet en mémoire celle dont Taoufik Ben Brik avait été la cible le 20 juin 1999, l’enlèvement du Dr Marcel Marzouki le 5 juin 1999 et surtout l’attentat par balles contre l’ancien journaliste Riadh Ben Fadhl, le 22 mai 2000.
Sérieusement molesté, Jalel Zoghlami a décidé d’entreprendre une grève de la faim expliquant les raisons de la décision et les objectifs de son action de protestation dans une déclaration rendue publique dans la soirée du samedi 3 février.

Son domicile a depuis fait l’objet d’une surveillance policière ponctuée de provocations qui ont débouché sur les graves incidents de la soirée du mardi 6 février.
La violente charge policière contre Jalel Zoghlami, sa femme et ses amis qui l’accompagnaient, visait, semble-t-il, à l’empêcher de se rendre à la clinique où il devait subir des examens médicaux.

La FIDH condamne fermement cette escalade de la répression qui a engendré plusieurs blessés et qui a suscité la légitime condamnation de l’ensemble des associations démocratiques, particulièrement celle de la LTDH et du CNLT, organisations membres de la FIDH.
Au regard de la gravité de la situation, la FIDH appelle la communauté internationale et notamment les Etats membres de l’Union européenne à placer la Tunisie au rang de leur principales préoccupations lors des prochaines rencontres internationales sur les droits de l’Homme, en particulier la réunion du Conseil d’association UE/Tunisie du 10 avril prochain et la prochaine session de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU commençant le 19 mars. S’agissant de Jalel Zoghlami, elle les appelle instamment à manifester concrètement leur condamnation de la répression dont il est victime.

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