La FIDH s’indigne des entraves à une mission d’enquête sur le secteur textile

05/10/2005
Communiqué

Entre le 19 et le 23 septembre dernier, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a mandaté une mission internationale d’enquête en Tunisie afin d’évaluer l’impact sur les droits fondamentaux des travailleurs du secteur de la confection en Tunisie de la suppression des quotas dans le domaine textile et habillement depuis le 1er janvier 2005.

Cette enquête s’est inscrite dans le cadre des activités de la FIDH sur les conséquences des accords de libre-échange sur les droits de l’Homme. Cette mission devait s’intéresser plus particulièrement aux conséquences de ces changements économiques, prévus depuis 10 ans, sur la situation sociale et salariale des femmes travaillant majoritairement dans le secteur. Elle apparait particulièrement opportune dans un pays où le textile est le premier secteur d’emplois du pays et constitue plus de 45% de ses exportations.

La FIDH a sollicité des rendez-vous auprès des autorités tunisiennes qui ont répondu ne pas pouvoir rencontrer ses deux chargés de mission (une avocate française et un économiste marocain), faute de temps. La FIDH avait néanmoins arrangé de nombreux rendez-vous pour ses deux chargés de mission à la fois avec des employeurs du secteur ainsi qu’avec des syndicats et des ouvriers.

Une fois sur place, les chargés de mission ont rencontré de nombreuses entraves au bon déroulement de leur mission. Ils ont notamment été empêchés de visiter les usines de confection et de rencontrer leurs dirigeants et leurs salariés, qui avaient pourtant signifié leur accord de s’entretenir avec eux. Ils ont par ailleurs été suivis durant tout leur séjour. Des syndicalistes et des ouvriers ont été menacés et empêchés de les rencontrer.

Cette pression systématique et ostentatoire a été mise en œuvre afin de bloquer toute poursuite de la mission de la FIDH, alors même que celle-ci s’inscrivait dans le cadre d’une analyse nécessaire et utile à toute autorité ou institution concernée par l’activité du secteur textile. La FIDH déplore l’attitude des autorités tunisiennes qui constitue une grave atteinte aux libertés fondamentales.

La FIDH rappelle notamment que la Déclaration de l’Assemblée générale des Nations unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus du 9 décembre 1998 garantit à chacun le droit de « communiquer avec des organisations non gouvernementales » (article 5) et de « détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales » (article 6).

La FIDH appelle les autorités tunisiennes à respecter les instruments internationaux de protection des droits de l’Homme.

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