La FIDH exprime sa préoccupation face à des actes de harcèlement visant la famille d’Aktham Naisseh, Président des CDF en Syrie.

17/12/2002
Communiqué

La FIDH tient à exprimer son inquiétude face à la résiliation du contrat du Docteur Oussama Naisseh, chirurgien, survenue en décembre 2002. Le contrat du Dr. Oussama Naisseh avec l’Hôpital public national de Lattaquié a été résilié sur ordre de la police politique, sans qu’aucune raison ne soit donnée. Il s’agit là d’une ingérence flagrante de la police politique dans le fonctionnement d’une administration publique.

Le docteur Naisseh était rentré en Syrie depuis à peine un an, pour y exercer en tant que chirurgien spécialisé dans la médecine infantile. Cette spécialité étant extrêmement rare en Syrie, le docteur Naisseh est très sollicité par les cliniques privées. Cependant, il a décidé de consacrer du temps à la médecine publique, en signant un contrat avec l’hôpital national de Lattaquié, afin de soigner également les patients les plus démunis. C’est ce contrat qui vient d’être résilié sur ordre de la police politique, sans qu’aucun motif ne soit donné. Le docteur Naisseh est donc sanctionné du fait de ses liens familiaux avec le président des CDF, son frère Aktham Naisseh, président des CDF (Comités de Défense des Libertés Démocratiques et des Droits de l’Homme) en Syrie.
Cette résiliation survient dans un climat de harcèlement accru contre les défenseurs. En effet, lors de l’arrivée au pouvoir de Bachar El Assad, une évolution encourageante en matière de liberté d’association et d’expression s’était faite sentir pendant quelques mois, jusqu’en février 2001 : création d’associations, de forums d’expression...Cependant, face au dynamisme de la société civile, un retournement politique s’est produit, avec un accroissement des entraves à la liberté d’association : obligation d’enregistrement des associations auprès du ministère de l’Intérieur, aval de la police politique nécessaire avant chaque conférence, etc. La répression contre la société civile a culminé en août-septembre 2001 avec l’arrestation de nombreux militants des droits de l’Homme et de la société civile, dont neuf sont encore emprisonnés à ce jour (Aref Dalilah, Kamal Al-Labouani, Habib Issa, Walid Albounni, Hassan Sa’adoun, Habib Saleh, Riad Seif, Ma’moun Al-Homsy, et Fawaz Tello).
Malgré ce climat de répression, les CDF ont continué leurs activités, avec notamment l’organisation d’un séminaire de formation pour les défenseurs, qui s’est tenu en septembre 2002 au Caire, faute d’avoir été autorisé en Syrie. Depuis l’accession au pouvoir de Bachar El Assad, le CDF a pris position en faveur des réformes, et a récemment multiplié les déclarations faisant état de sa déception face à la politique du nouveau régime. Les CDF ont également appelé à la libération de tous les prisonniers d’opinion en Syrie, ainsi qu’à la restitution des droits civils et politiques des anciens prisonniers d’opinion, et au droit de retour des exilés.
Dans ce contexte, la résiliation du contrat du Dr Naisseh apparaît comme particulièrement préoccupante, puisqu’elle constitue un acte de harcèlement contre la famille d’un défenseur, et qu’elle illustre de manière frappante la mainmise de la police politique sur toutes les activités du pays.
La FIDH appelle les autorités syriennes à :
 cesser tout acte de harcèlement à l’encontre de la famille d’Aktham Naisseh et des militants des droits de l’Homme en général ;
 se conformer aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et notamment à l’article 15 qui garantit le droit à la liberté d’expression ;
 libérer immédiatement tous les prisonniers d’opinion ;
 lever l’état d’urgence ;
 rétablir les droits des prisonniers politiques libérés et à les indemniser.

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