L’avocat des droits de l’Homme Haytham Al-Maleh gracié et libéré

10/03/2011
Communiqué

Paris-Genève-Copenhague, 9 mars 2011 – L’Observatoire pour la Protection des Droits de l’Homme – programme conjoint de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) - ainsi que le Réseau euro-méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) saluent avec satisfaction le pardon présidentiel accordé à M. Haytham Al-Maleh, 80 ans, éminent avocat syrien des droits de l’Homme et ancien Président de HRAS (Human Rights Association in Syria). A la suite de cette décision, M. Al-Maleh a été libéré le 8 mars.

M. Haytham Al-Maleh avait été arrêté illégalement par des officiers des Service secrets généraux le 14 octobre 2009. Le 4 juillet 2010, il a été condamné par le Second Tribunal militaire de Damas à trois ans de prison “pour avoir transmis des nouvelles fausses et exagérées qui portent atteinte au sentiment national”. Au cours de sa détention, son état de santé s’était déterioré.

De février à juillet 2010, l’Observatoire et le REMDH, en coopération avec la Commission internationale des juristes (CIJ) ont envoyé à Damas une série de missions chargées de suivre les audiences du procès intenté contre Haytham Al-Maleh. Sur la base de ces constatations, les organisations sus-mentionnées ont entrepris une évaluation complète du degré de caractère équitable de ce procès et publié à ce sujet un rapport conjoint, qui démontre que la procédure dans son ensemble (arrestation, procès et condamnation) a été entachée par des violations des droits de l’Homme.

« Nous saluons avec satisfaction la libération de cet éminent défenseur des droits de l’Homme, emprisonnée ces derniers mois pour avoir simplement critiqué le recours permanent aux lois d’urgence en Syrie et le contrôle exercé actuellement par les autorités syriennes sur le système judiciaire » a déclaré aujourd’hui la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen.

« Nous déplorons néanmoins sa condamnation, de même que la détention arbitraire qui frappe aujourd’hui encore un certain nombre de défenseurs syriens des droits de l’Homme, d’autant plus que nous sommes conscients que leurs conditions de détention, le plus souvent, ne respectent pas leur dignité humaine », a ajouté le Secrétaire général de l’OMCT, Eric Sottas.

« Cependant, nous ne pouvons pas oublier que des milliers de personnes restent détenues arbitrairement en Syrie après avoir été condamnées au cours de procès inéquitables. Il est indispensable que la libération de M. Al Maleh soit une première étape sur la voie de la libération généralisée de toutes les personnes détenues arbitrairement », a déclaré le Président du REMDH, Kamel Jendoubi.

Haytham Al Maleh est l’un des membres d’un groupe de 12 prisonniers détenus à la prison centrale d’Adra, à Damas, qui ont entamé une grève de la faim le 7 mars 2011 pour exiger l’arrêt des détentions et procès politiques et l’instauration de réformes démocratiques dans le pays. Ce groupe inclut des défenseurs des droits de l’Homme comme Anwar Al Bunni, Habib Saleh, Ali Abdallah, Kamal Labwani et Kamal Cheikho, qui sont encore en prison à ce jour, au seul motif de leur engagement pacifique en faveur des droits de l’Homme.

Nos organisations prient instamment les autorités syriennes de libérer tous les défenseurs des droits de l’Homme en Syrie, et de faire en sorte qu’ils puissent mener leurs activités de défense des droits de l’Homme sans entrave ni intimidation, conformément à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme de 1998 et aux autres normes et instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme.

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