A l’occasion de la visite en France du Président Hafez EL-ASSAD, la FIDH appelle à la libération des défenseurs des droits de l’Homme, des autres prisonniers d’opinion et des prisonniers politiques

09/07/1998
Communiqué

La FIDH a salué les libérations récemment ordonnées par les autorités syriennes en faveur, depuis début juin 1998, de 250 prisonniers politiques et d’opinion syriens - dont Aktham NOUAISSEH, porte parole des Comités de défense des libertés démocratiques et des droits de l’Homme, CDF, affiliés à la FIDH - ; et, début mars 1998, de 121 ressortissants libanais détenus illégalement en Syrie.

" Il s’agit d’un premier pas attendu depuis de longues années, notamment par nos amis défenseurs des droits de l’Homme. La porte de l’arbitraire s’est enfin entr’ouverte, mais un long chemin reste à parcourir " a déclaré Patrick BAUDOUIN, Président de la FIDH. En effet, la FIDH reste vivement préoccupée par la situation des Droits de l’Homme dans ce pays, où les violations flagrantes des libertés fondamentales demeurent quotidiennes.

Ainsi, la persistance de l’état d’urgence, depuis 35 ans, est prétexte à y interdire toute forme de liberté d’expression et d’association. A ce titre, les CDF soulignaient dans leur rapport annuel pour 1997 que "le pays est sous la surveillance de 15 services de sécurité qui agissent la plupart du temps en dehors du cadre même de la loi de l’Etat d’urgence, c’est-à-dire en toute illégalité réduisant à néant toute velléité de liberté dans la société civile syrienne".

Aujourd’hui, au moins 2000 citoyens syriens restent toujours détenus arbitrairement, pour des raisons d’opinion et de conscience, dont :

 des militants des Droits de l’Homme membres des CDF. Il s’agit de Mohamed HABIB, Thabet MOURAD, Nizar NAYYOUF , Afif MOUZHER et Bassam AL-CHEIKH

 des détenus politiques dont la détention se prolonge au delà de l’expiration de leur peine.

 des détenus dont l’état de santé est très inquiétant.

Par ailleurs, la FIDH est vivement préoccupée de la détention illégale en Syrie de très nombreux ressortissants libanais, enlevés pendant et après la guerre au Liban, par l’armée syrienne ou des milices libanaises sous son contrôle.

La FIDH a toutes les raisons de penser que le chiffre de 34 ressortissants libanais que la Syrie a reconnu officiellement maintenir en détention début mars 1998, est très inférieur à la réalité. En effet des centaines de familles libanaises dénoncent la détention en Syrie d’un proche, détention souvent confirmée officieusement par les autorités syriennes ou libanaises auprès de ces familles. De plus, des informations parvenues à certaines familles indiquent que l’état de santé de leurs proches est très préoccupant. La FIDH déplore enfin les pressions exercées par les services de sécurité syriens au Liban, en vue d’empêcher toute initiative visant à éclaircir le sort des milliers de libanais enlevés durant la guerre du fait de l’armée syrienne et des milices libanaises pro-syriennes.

La FIDH espère que les libérations récentes inaugurent un changement de la politique syrienne vers un plus grand respect des libertés fondamentales, et notamment l’abrogation de la loi martiale et la fin du recours aux arrestations arbitraires.

A l’occasion de la visite du Chef de l’Etat syrien en France, la FIDH appelle le Président Hafez EL -ASSAD a ordonner la libération immédiate et inconditionnelle des cinq militants des CDF encore détenus, ainsi que de tous les autres prisonniers d’opinion syriens et des libanais détenus illégalement dans les prisons syriennes.

" C’est une condition indispensable pour que la communauté internationale puisse considérer les libérations récentes comme l’amorce d’un processus sérieux et crédible ", a ajouté le Président de la FIDH. " Nous espérons que les autorités syriennes le comprendront."

La FIDH, sollicite un rendez-vous avec le Président syrien Hafez EL-ASSAD au cours de sa visite en France, les 16 et 17 juillet prochains, afin de lui faire part de l’état actuel de ses préoccupations et de ses attentes.

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