Libye/UE : La FIDH et l’UFTDU condamnent les propos racistes du Colonel Khadafi

La Fédération internationale des ligues droits de l’Homme (FIDH) et son organisation membre en Italie, la Unione Forense Per la Tutela Dei Diritti Dell’uomo (UFTDU) condamnent avec force les propos racistes insoutenables du Président libyen Mouammar Khadafi, lors d’une visite à Rome le 31 aout 2010, où il a proposé à la Commission européenne de se faire le gardien des frontières de l’Europe en échange de 5 milliards d’euros par an.

Le Colonel Khadafi avait en effet proposé de réduire le flot des migrants afin de prévenir une « Europe noire », en faisant vibrer la corde sécuritaire et xénophobe, concluant son discours par un message alarmiste et provocateur s’interrogeant sur la réaction « des européens blancs et chrétiens face à des hordes d’africains affamés et ignorants ».

A l’heure où l’Union européenne et la Libye négocient les conditions d’octroi, ainsi que le montant, d’un fond d’assistance destiné à « la lutte contre l’immigration clandestine »(1) dans le cadre de l’externalisation de sa politique migratoire, la FIDH et l’UFTDU rappellent leurs vives préoccupations quant aux graves violations des droits des migrants qui transitent par la Libye, en route pour l’Union européenne. Nos organisations soulignent les terribles conditions dans lesquelles les migrants en situation irrégulière sont détenus dans des camps en Libye, quand ils ne subissent pas des pogroms. De plus, nous rappelons que la Libye n’est pas signataire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, n’a pas de système garantissant le droit d’asile et pratique régulièrement des refoulements en violation du droit international. La fermeture du bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en juin 2010 n’a fait que raviver ces préoccupations.

Dans ce contexte de violations répétées des droits humains des migrants sur le territoire libyen, de déclarations racistes au plus haut niveau de l’Etat et face au rejet de tout cadre international garantissant la protection des droits des réfugiés et des migrants, la FIDH et l’UFTDU invitent l’Union européenne et ses Etats membres à :

* dénoncer les paroles racistes tenues par le Colonel Khadafi

* renoncer au lancement des programmes de coopération prévus dans le Programme indicatif national 2011-2013 en matière de lutte contre l’immigration clandestine

* respecter le principe de non-refoulement en s’abstenant d’expulser des migrants en situation irrégulière vers la Libye.

(1) Voir le "Programme indicatif national" 2011-2013, conclu entre l’UE et la Libye, qui inclut la lutte contre l’immigration clandestine comme une des trois priorités

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