Beyrouth, Bruxelles, Paris, le 2 octobre 2024. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre libanais des droits humains (CLDH), et le Réseau EuroMed Rights (EMR) condamnent sans équivoque l’agression militaire israélienne en cours au Liban. Les troupes israéliennes doivent quitter le territoire libanais immédiatement. Toutes les attaques contre les civil·es, qu’elles proviennent d’Israël ou du Hezbollah, doivent cesser.
À ce jour, les frappes aériennes israéliennes au Liban, intensifiées depuis le lundi 23 septembre 2024, ont causé plus de 1 640 morts, dont au moins 104 enfants et 194 femmes, ainsi que des secouristes, selon le ministère libanais de la Santé. Le ministre libanais des Affaires étrangères fait état de près d’un demi-million de personnes déplacées à la recherche d’un refuge. L’augmentation continue de ces chiffres souligne l’urgence d’une action immédiate pour mettre fin à cette escalade de la violence. Avec des signalements d’incursions militaires « limitées » dans le sud du pays, il est désormais clair qu’Israël a commencé sa guerre contre le Liban. La poussée des troupes israéliennes réveille la crainte d’une invasion terrestre plus importante, rappelant les expériences traumatisantes de 1978, 1982, 1993, 1996 et 2006.
Dans cette escalade, Israël prétend agir en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies, qui prévoit le droit de légitime défense individuelle ou collective en cas d’attaque armée contre un membre des Nations unies. Toutefois, une telle attaque doit être nécessaire et proportionnée à l’attaque initiale, en vertu de la Charte. Lorsque la réponse est excessive, n’est pas nécessaire ou ne constitue pas un acte légitime de légitime défense, il s’agit alors d’une agression, un crime au regard du droit international. Compte tenu de l’ampleur des attaques israéliennes contre des zones civiles fortement peuplées, celles-ci peuvent être considérées comme une violation flagrante de l’article 51 et constituer un crime d’agression au titre du chapitre VII de la Charte des Nations unies, nécessitant l’intervention du Conseil de sécurité de l’ONU.
En outre, les importants dommages collatéraux résultant des attaques israéliennes au Liban sont contraires aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, notamment à la quatrième Convention de Genève, qui prévoit la protection des civil·es pendant les conflits armés. La non-distinction entre les combattant·es et les civil·es, ainsi que le fait d’infliger des dommages disproportionnés aux populations civiles, constitue une violation des principes de distinction et de proportionnalité, équivalant à des crimes de guerre en vertu du droit international.
Israël doit cesser son escalade de la violence au Liban.
En particulier, les organisations signataires considèrent extrêmement inquiétante la déshumanisation continue des civil·es libanais·es. Le soutien tacite ou ouvert de plusieurs gouvernements occidentaux à cette escalade, ainsi qu’aux explosions indiscriminées des bipeurs et des talkies-walkies des 17 et 18 septembre – qui ont causé la mort d’au moins 37 personnes, dont deux enfants, et blessé environ 2 931 autres, y compris des enfants et des travailleurs·ses de la santé – est inacceptable. Des assassinats au moyen de bombardements et de destruction complète d’immeubles d’habitation ne peuvent en aucun cas être définis comme « une mesure de justice », comme l’a fait le Président états-unien Joe Biden. Celui-ci légitime une vision des relations internationales qui substitue entièrement la violence au droit.
Les dirigeant⋅es internationaux·ales ont la responsabilité de faire preuve de retenue et d’équité dans une situation où chaque escalade entraîne des morts civiles et d’immenses souffrances. Les gouvernements sont appelés à imposer des sanctions à l’encontre d’Israël, telles qu’un embargo sur les armes, pour ses violations flagrantes du droit international. Un cessez-le-feu au Liban – conformément à la Résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en 2006 – ainsi qu’un cessez-le-feu à Gaza doivent être urgemment mis en œuvre. Aucune des invasions et des bombardements répétés du Liban au cours des dernières décennies n’a produit de trêve politique durable ni de réconciliation dans la région. La communauté internationale doit agir pour mettre fin à cette escalade de la violence et tenir tou·tes les responsables de crimes internationaux pour comptes.