Actes de torture commis par l’armée libanaise dans des camps de réfugiés syriens

06/07/2017
Communiqué
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AFP

Le CLDH condamne fermement les actes de torture commis par l’armée lors de la vague d’arrestation de Arsal, qui ont conduit au décès d’au moins quatre détenus, et demande l’ouverture d’une enquête indépendante et le respect des droits des personnes encore détenues.

Dans le préambule de la Constitution du Liban, au paragraphe - b - le Liban dit sa détermination ferme à respecter les chartes des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’Homme [1].

Cette déclaration indique clairement à l’article V que nul ne peut être soumis à la torture [2]. Le Liban est également parti à la Convention contre la torture depuis l’année 2000. Or, vendredi 30 juin, les médias ont fait état d’un raid de l’armée libanaise, et d’arrestations massives dans deux camps de réfugiés syriens près de la ville de Arsal.

Des photos alarmantes, reprises par l’ensemble des médias et non démenties par l’armée ont montré des dizaines de détenus couchés à plat ventre, le visage contre terre, menottés dans le dos par des liens en plastique, certains avec leur chemise sur le visage, sous le soleil. Une autre photo montre des hommes agenouillés, et l’un d’eux menotté dans le dos, la chemise sur la tête, avec une inscription à la bombe de peinture dans le dos, comme on aurait marqué un animal de ferme destiné à l’abattoir. Dans le même ordre d’idée, des détenus entassés les uns sur les autres dans un camion de l’armée, aux pieds d’un soldat, peuvent être vus sur l’une des photos diffusées. L’un d’eux porte des marques de coups violents sur son dos.

Pire encore, le 4 juillet, l’armée aurait annoncé que quatre des détenus sont décédés de maladies chroniques aggravées « par les conditions climatiques ». En réalité ces détenus sont morts peut être de maladies chroniques (cela reste à prouver) mais en tout état de cause celles-ci ont été aggravées non pas par les conditions climatiques mais bien par la torture qui leur a été infligée par l’armée. Cette armée qui est censée être chargée de maintenir la sécurité et de combattre le terrorisme et non de violer les Droits de l’Homme et d’encourager le terrorisme.

Nous dénonçons fermement ce qui est arrivé depuis vendredi dernier, de la diffusion d’images dégradantes qui documentent les arrestations, la torture des détenus et la campagne systématique d’intimidation contre toute personne ou organisations qui a élevé la voix pour critiquer les procédures illégales utilisées par les forces armées.

Le Centre Libanais des Droits de l’Homme condamne la violation flagrante et répétée des lois locales et internationales après chaque opération militaire et le manque de transparence et l’impunité pour les auteurs de ces crimes ce qui les encourage à répéter leurs crimes.

Nous exigeons de la Justice et du ministère de la Défense, les mesures suivantes :
• Ouvrir une enquête judiciaire immédiate sur les quatre cas de décès sous la torture reconnus par l’armée, et permettre l’examen des dépouilles par un médecin légiste indépendant nommé par les familles.
• Permettre aux familles, aux parents des détenus et aux associations concernées de nommer des avocats indépendants qui puissent interviewer en privé tous les détenus sans exception
• Publier une liste détaillée des noms des détenus et des lieux de détention et permettre au Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et à leurs avocats et familles de leur rendre visite immédiatement.
• Arrêter immédiatement chaque officier ou soldat dont la participation à la torture a été prouvée, et ce jusqu’à la publication des décisions judiciaires.

La lutte contre le terrorisme ne peut se faire en important les méthodes des groupes terroristes, en pratiquant l’intimidation, la torture et l’assassinat mais par l’application scrupuleuse des lois et le respect strict de la Constitution libanaise et des engagements internationaux au Liban.

L’aveu par l’armée libanaise de la mort d’au moins quatre personnes sous la torture devrait éveiller la conscience de tous les intéressés pour que le Liban ne glisse pas au niveau des dictatures qui nous entourent. Seul le respect de la justice et la condamnation des criminels sont la garantie de la paix et de la sécurité pour nous tous.

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