La FIDH salue l’annonce du cessez-le-feu à Gaza ; la justice est le seul moyen d’obtenir une paix durable

16/01/2025
Communiqué
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Jack GUEZ / AFP
  • La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) se félicite de l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages, qu’elle réclame depuis 15 mois.
  • Le cessez-le-feu est un premier pas. À lui seul, il ne peut ni rendre justice aux victimes, ni produire une paix durable. Le cessez-le-feu est une solution stratégique temporaire.
  • La situation exige une véritable solution politique fondée sur les droits humains pour mettre fin au blocus de Gaza, à l’apartheid colonial israélien et à l’occupation illégale de la Palestine.

16 janvier 2025. Après 15 mois de violences atroces, les autorités israéliennes et le Hamas sont enfin parvenus à un cessez-le-feu. L’accord en plusieurs phases prévoit l’entrée à Gaza de l’aide humanitaire, le retour des otages israélien·nes détenu·es à Gaza et la libération de prisonnier·es palestinien·nes, dont un grand nombre est détenu arbitrairement.

Pour Diana Alzeer, vice-présidente de la FIDH et représentante de son organisation membre Al-Haq, «  le génocide en cours n’a pas pris fin avec le cessez-le-feu. Depuis l’annonce, 81 Palestinien·nes ont été tué·es par Israël. D’ailleurs, ce cessez-le -feu n’est qu’une première étape : les habitant·es de Gaza restent exilé·es sur leur propre terre, sans accès à l’aide humanitaire, sans système de santé opérationnel, sans infrastructure et sans aucun moyen de survie. Témoins de ce cessez-le-feu, nous appelons toutes les parties à agir conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international. Les crimes atroces, et en particulier le génocide à Gaza, ne peuvent rester impunis. Israël doit être tenu pour responsable. » Elle ajoute : « au cours des 76 dernières années, l’injustice et le déni des droits des Palestinien·nes ont été autorisés à se poursuivre. Il est temps que le monde accorde à la vie des Palestinien·nes la même valeur qu’à celle de tous les autres. Il est temps de mettre fin aux injustices historiques dont sont victimes les Palestinien·nes ».

Alexis Deswaef, vice-président de la FIDH, de retour de mission en Palestine et en Israël, déclare : « bien sûr, nous sommes soulagé·es, ce sera au moins un répit pour les civil·es à Gaza et en Israël. Nous espérons que ce soit une première étape vers la paix. Bien entendu, ne soyons pas naïf, le Hamas et Tsahal sont habitués à rompre des cessez-le-feu. Nous sommes convaincu·es que sans justice, il ne peut pas y avoir de paix durable. Maintenant, l’heure devrait être aux enquêtes internationales : collecte de preuves et de témoignages. Il faut en finir avec l’impunité et seule la justice peut le permettre. »

Ilya Nuzov, responsable du bureau Justice internationale à la FIDH, souligne que «  ce cessez-le-feu ne doit pas être utilisé comme un moyen d’effacer les perpétuels échecs historiques en matière de respect des droits humains et du droit international en Palestine et en Israël. La communauté internationale, y compris des États puissants comme les États-Unis qui ont contribué à négocier l’accord, doit utiliser tous les moyens disponibles pour demander des comptes à tous les auteurs de graves violations des droits humains. À tout le moins, elle ne doit pas entraver les efforts de la justice. » Avant de poursuivre  : « à cet égard, les tentatives actuelles des États-Unis de saper le travail de la Cour pénale internationale (CPI) en réponse aux mandats d’arrêt délivrés à l’encontre de responsables israéliens sont très alarmantes. » Pour M. Nuzov, « le Sénat américain ne doit pas adopter le ’Illegitimate Court Counteraction Act’, qui menace non seulement la responsabilité pour les atrocités commises en Palestine, mais aussi l’existence même de la Cour à un moment où la nécessité d’enquêtes et de poursuites pour les crimes internationaux s’impose. »

La FIDH appelle la communauté internationale à :
 demander instamment une paix durable qui comprenne la fin de l’occupation israélienne illégale de Gaza et de la Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est, le respect du droit au retour des réfugié·es palestinien·nes déplacé·es depuis 1948 ainsi que du droit à l’autodétermination ;
 protéger et soutenir les Palestinien·nes de Gaza qui vivent toujours dans des conditions désastreuses ;
 permettre l’entrée sans restriction de l’aide, des matériaux de construction et l’autorisation de la liberté de mouvement vers les hôpitaux et l’accès aux soins de santé actuellement indisponibles à Gaza ;
 permettre aux habitant·es de Gaza de rentrer chez eux pour reconstruire leur vie et leurs infrastructures - les personnes qui ont quitté Gaza doivent pouvoir revenir ;
 agir pour protéger et préserver les preuves, et veiller à ce que les organismes internationaux et les journalistes soient autorisé·es à entrer à Gaza pour mener à bien leur travail d’enquête sur les atrocités commises au cours des 15 derniers mois ;
 continuer à imposer des embargos sur les armes à Israël - de nouveaux États doivent se joindre à ces actions qui visent à sauver des vies humaines et à mettre fin aux violations continues commises dans le territoire palestinien occupé ;
 soutenir l’enquête en cours de la CPI sur les crimes internationaux commis en Palestine et en Israël, ainsi que les mandats d’arrêt actuels et futurs à l’encontre des dirigeants israéliens et du Hamas.
La FIDH exige la fin de tous les projets de sanctions contre la CPI et ses partenaires.

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