L’aggravation des violences ne doit pas masquer la mobilisation légitime des palestiniens pour leurs droits fondamentaux

15/10/2015
Communiqué
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AFP PHOTO / MUSA AL-SHAER

(Jérusalem, Paris, Ramallah) En moins de 2 semaines, 30 palestiniens dont 8 enfants et 7 israéliens ont été tués dans le territoire palestinien occupé (TPO). Plus de 1300 palestiniens ont été blessés.

Face à la multiplication des heurts mortels et à la menace d’une flambée de violence généralisée, il est urgent que le gouvernement israélien reconnaisse sa responsabilité dans les émeutes qui embrasent de manière récurrente la population palestinienne et qu’il prenne acte des effets délétères de ses politiques.

Les émeutes qui agitent la jeunesse palestinienne, aujourd’hui mobilisée dans des affrontements sanglants contre l’armée et la police israéliennes en TPO y compris Jérusalem-Est est révélatrice de la gravité des frustrations et de la crise traversée par la société civile palestinienne.

Les meurtres qui ont coûté la vie à 7 israéliens dans la vieille ville de Jérusalem, sont la conséquence dramatique et inévitable de la continuation de l’occupation dans le TPO.

Plus de 500.000 colons sont aujourd’hui installés illégalement en Cisjordanie y compris à Jérusalem- Est, en violation grave du droit international humanitaire, en particulier de la 4 ème convention de Genève de 1949. Leur présence constitue un crime de guerre en vertu de l’article 8 (2)(b) (viii) du Statut de la Cour pénale internationale.

Depuis février 2014, le gouvernement israélien recourt de manière de plus en plus systématique à la démolition de maisons comme forme de punition collective, une procédure interdite par la 4è convention de Genève. Ces derniers mois, les colons israéliens, en présence de l’armée et parfois sous sa protection, ont intensifié leurs attaques contres les civils et les propriétés des palestiniens. Entre le 28 septembre et le 4 octobre 2015, l’ONG Al Haq, membre de la FIDH, a documenté 29 incidents de violence perpétrés par des colons en Cisjordanie. Ces violences incluent des tirs à balles réelles, des attaques physiques, des actes de vandalisme contre des propriétés et des cultures, et l’obstruction faite au déplacement de la population palestinienne.

"La FIDH condamne toutes les violences. Il revient à l’Etat israélien, puissance occupante, de préserver la vie de l’ensemble des citoyens, palestiniens et israéliens. L’incitation au meurtre est inadmissible"

Karim Lahidji, Président de la FIDH

Depuis le 24 septembre 2015, le gouvernement israélien a autorisé ses soldats à ouvrir le feu dès qu’ils sentent un danger : une telle mesure ne peut qu’accroître le nombre inquiétant de meurtres de sang froid déjà commis par les soldats israéliens contre des civils et l’usage disproportionné de la force par l’armée israélienne.

Le non-respect du droit international par le gouvernement israélien, l’impunité garantie aux colons israéliens responsables de crimes récurrents et de plus en plus fréquents en TPO favorisent la montée de l’extrémisme religieux dans les deux pays, encouragent les violences et constituent un obstacle à la coexistence pacifique des populations.

Une telle politique ne peut qu’aggraver une situation politique et sécuritaire déjà explosive, localement et au niveau régional et pousser les manifestants palestiniens à la violence et à faire le jeu des groupes extrémistes.

La FIDH et ses organisations membres, Al Haq, PCHR and PCATI condamnent tout acte de violence contre les civils. Elles soutiennent la mobilisation pacifique de la société civile palestinienne pour la défense de ses droits civils, sociaux, politiques et économiques.

Face à l’insistance du gouvernement israélien à violer le droit international, la FIDH et ses organisations membres, Al Haq, PCHR and PCATI estiment nécessaire que la communauté internationale manifeste explicitement et concrètement son engagement en faveur du respect des droits des citoyens palestiniens. Sans une telle intervention de la communauté internationale, l’histoire récente prouve que les droits à la vie, à la liberté d’expression et de réunion des palestiniens ne seront pas respectés par le gouvernement israélien.

La FIDH, Al Haq, PCHR et PCATI appellent la Procureure de la CPI à s’exprimer publiquement pour rappeler que l’examen préliminaire en cours sur la situation en Palestine couvre tous les crimes de sa compétence qui seraient commis sur le territoire palestinien et que leurs auteurs devraient être tenus responsables.

FIDH, Al Haq et PCHR appellent les États partenaires d’Israël à cesser immédiatement tout échange économique et commercial avec les colonies israéliennes, y compris en dissuadant les entreprises d’investir et d’entretenir des relations commerciales avec les colonies israéliennes.

Nos organisations demandent aux autorités israéliennes d’arrêter ses violations récurrentes du droit international, notamment l’usage disproportionné de la force contre les manifestants, de lever le blocus contre Gaza, de mettre fin à la colonisation et d’engager des poursuites à l’encontre des responsables des violations des droits humains afin de mettre fin à l’impunité.

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