Comment l'UE renforce les colonies israéliennes

Plusieurs ONG affirment que l'UE importe quinze fois plus de marchandises des colonies israéliennes que des Territoires palestiniens.

Le Point.fr

Vue générale de la colonie israélienne Har Homa, construite à Jérusalem-Est dans un quartier arabe du nom de Mont Abu Ghneim.
Vue générale de la colonie israélienne Har Homa, construite à Jérusalem-Est dans un quartier arabe du nom de Mont Abu Ghneim. © AFP

Temps de lecture : 4 min

que les consommateurs européens achètent sans le savoir des biens produits dans les colonies israéliennes, et ont appelé l'Union européenne à interdire ces importations, relève l'AFP. , a été établi par 22 ONG, dont la Fédération internationale des ligues des droits de homme (FIDH), CCFD-Terre Solidaire (France), Christian Aid et l'Église de Suède.

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, alors que l'UE soutient la création d'un État palestinien, dénonce fermement la colonisation et accorde chaque année des centaines de millions d'euros d'aide aux Palestiniens, elle importe une quinzaine de fois plus de marchandises provenant des colonies israéliennes que des Territoires palestiniens : 230 millions d'euros par an contre 15 millions. Israël et l'Union européenne ont signé en 2005 un accord permettant de distinguer parmi les articles exportés vers l'UE ceux produits dans les colonies. Mais selon les ONG, la plupart des États membres de l'UE, dont la France, n'assurent pas un étiquetage correct, "laissant les consommateurs dans l'ignorance quant à leur origine véritable".

Dattes, raisins et agrumes

Seuls le Royaume-Uni et le Danemark ont demandé aux distributeurs d'étiqueter "Cisjordanie - produit d'une colonie israélienne" ou "produit palestinien". Parmi les produits des colonies figurent des dattes, des raisins et des agrumes, mais aussi des cosmétiques Ahava ou des meubles de jardin en plastique Keter. "Si l'Europe tient à préserver la solution à deux États, il lui faut agir sans plus tarder et prendre les choses en main", écrit Hans Van Den Broek, ancien commissaire européen aux Relations extérieures.

La coalition appelle "au minimum" à l'adoption par les gouvernements européens "de directives pour veiller à ce que tous les produits issus des colonies soient étiquetés avec précision pour permettre aux consommateurs de connaître leur origine réelle". Elle souhaite aussi que les mêmes gouvernements "dissuadent les entreprises de mener des activités commerciales et d'investir dans les colonies". Les ONG leur demandent d'aller plus loin en "interdisant formellement les produits issus des colonies sur le marché de l'UE". Elles soulignent qu'elles ne préconisent pas un boycott commercial d'Israël.

Liens renforcés avec Israël

Elles suggèrent aussi d'exclure les colonies des accords commerciaux préférentiels, des accords de coopération et des marchés publics. Selon la coalition, les colons bénéficient d'un accès facile aux marchés internationaux et ont pu établir des agro-industries modernes, alors que l'économie palestinienne est "fortement entravée par un système à plusieurs niveaux de restrictions imposé par Israël, incluant des barrages routiers, des points de contrôle et un accès limité à la terre, à l'eau et aux engrais". En juillet, l'Union européenne a renforcé ses liens avec Israël dans le cadre de son accord d'association, en dépit des critiques des Palestiniens et de certaines ONG.

"Les marchandises provenant des colonies de Cisjordanie sont produites grâce aux démolitions de maisons, aux confiscations de terres et à l'occupation militaire", dénonce Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. "Il est temps pour les gouvernements d'aller au-delà des condamnations rhétoriques des colonies et de s'assurer au minimum que les consommateurs puissent prendre des décisions éclairées au sujet de ces produits en magasin" afin d'être "en accord avec le droit européen et international", ajoute-t-elle.

"Mauvaise foi patente" (Israël)

Israël a condamné mardi le rapport "La paix au rabais". "Il y a des produits qui pénètrent dans le marché européen sans problème en provenance de zones ou de territoires controversés ou en conflit ouvert. Le fait de prendre un principe universel et de le réduire au seul cas d'Israël est une preuve de mauvaise foi patente", a déclaré à l'AFP Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. "Le rapport donne des chiffres très bas pour les exportations palestiniennes ignorant que les Palestiniens exportent énormément vers Israël", dénonce Yigal Palmor. "Comparer les exportations d'une économie OCDE comme Israël avec les exportations de la Palestine, dont on ne peut vraiment pas dire qu'elle est au niveau des pays de l'OCDE, c'est de la malhonnêteté intellectuelle", ajoute-t-il.

Côté palestinien, la porte-parole du gouvernement Nour Odeh s'est félicitée du rapport, estimant qu'il montrait "comment l'occupation et les colonies sont très utiles pour Israël". "Les chiffres du rapport montrent ce que nous avons toujours dit : qu'Israël ne laisse pas les Palestiniens utiliser leurs terres en zone C (60 % du territoire de la Cisjordanie, sous contrôle civil et militaire israélien) et combien cette zone est importante pour l'économie palestinienne", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Nous encourageons tous les États de l'Union européenne à prendre une position claire interdisant les produits des colonies", a-t-elle plaidé.

Commentaires (17)

  • ennAji

    N'est pas antisémitisme ! Faisons la différence !

  • tiopere1

    La politique d'implantations est fondée sur le caractère juridique flou des territoires à peuplement palestinien, passés d'une souveraineté jordanienne à l'autorité palestinienne qui n'est pas un état, alors qu'un traité de paix n' a pour le moment, pas été signé.
    Sur le plan économique, comparer les exportations israéliennes et palestiniennes n'a aucun sens puisque les produits agricoles ne représentent plus que 5 à 6 pour cent des exportations d'Israel constituées pour leur plus grande part de produits de hautes technologies (pour mémoire, il y a plus start-up israéliennes cotées au nasdak que celles de la France et l'Allemagne réunies). D'autre part, il y aurait plus de quarante mille palestiniens qui travaillent dans les implantations dont la moitié officiellement donc au SMIC israélien, les autres non déclarés étant payés 20% moins chers donc exploités (source info-palestine), mais trois fois plus que le salaire moyen chez les palestiniens. Il en résulte qu'un boycott se retournerait contre les Palestiniens et devrait être compensé par des aides supplémentaires de la part des Européens.

  • kennichh

    Je me pose des questions sur la légalité de ce commerce vis à vis du droit international on sachant que les colonies occupe illégalement les territoires palestiniennes.
    accepter ce commerce c'est donner carte blanche a Israël pour continuer a violer le droit international et s’éloigner davantage de la paix au moyen orient.