Les sanctions contre l’Irak au regard des droits de l’Homme : une méthode dévastatrice, détournée, inacceptable

11/12/2001
Rapport
en fr

L’embargo international frappant l’Irak depuis 1990 constitue en lui-même une cause de violations systématiques des
droits de l’Homme. Celles-ci sont encore aggravées par l’instrumentalisation qui en est faite par le régime de Saddam
Hussein. Porteur d’effets radicalement contraires à ceux censés être recherchés par le Conseil de Sécurité des Nations
Unies, l’embargo a des conséquences dévastatrices pour le peuple irakien, et contribue au maintien au pouvoir d’un
régime dictatorial.

La FIDH a condamné depuis 1992 le recours à de tels embargos " ayant des conséquences directes ou indirectes sur
les populations civiles, qu’ils soient le fait d’un gouvernement ou de la communauté internationale, qu’ils s’appliquent
indistinctement ou prévoient des mécanismes de sauvegarde humanitaire " (31ème congrès de la FIDH, 25 janvier
1992. Elle a réaffirmé à Casablanca au mois de janvier 2001 au cours de son 34ème congrès sa demande d’une levée
de l’embargo contre l’Irak.
Cependant, la critique nécessaire et légitime de l’embargo ne saurait servir de prétexte pour passer sous silence la
répression terrible infligée notamment à ses populations par le régime irakien lui-même en violation de ses
engagements internationaux, et dont il ne faut pas occulter qu’elle a été l’une des causes de l’instauration de sanctions
internationales.
Ces populations, déjà terriblement éprouvées par les privations meurtrières infligées au nom de la "communauté
internationale", et par la répression criminelle d’un régime despotique, sont en outre victime des effets de l’approche
unilatérale des "pro-embargo" ou des "anti-embargo", dont la conséquence première est l’immobilisme.
Pour la FIDH, construire une perspective d’amélioration de la situation - ce qui n’est certes pas facile - implique
néanmoins que celle-ci soit décrite et documentée systématiquement, objectivement et dans toutes ses dimensions.
Tel est le sens de la démarche entreprise par la FIDH en allant, avec Human Rights Alliance, recueillir les témoignages
des victimes du régime irakien, témoignages qui constituent la pierre angulaire du rapport intitulé "Une répression
intolérable, oubliée et impunie". Celui-ci démontre l’horreur d’une répression passée largement sous silence, que
continue de subir la population irakienne.
Tel est également le sens du rapport publié par la FIDH sur les sanctions, intitulé "Les sanctions contre l’Irak au regard
des droits de l’Homme : une méthode dévastatrice, injustifiée et inacceptable". L’examen juridique démontre combien
les sanctions pratiquées sont parfaitement contradictoires avec le droit international des droits de l’Homme, dont la
FIDH soutient la primauté sur, en l’occurrence, le droit du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
La FIDH a demandé constamment, depuis plusieurs années, à pouvoir mener une enquête internationale sur la situation
des droits de l’Homme y compris les conséquences de l’embargo, sans jamais recevoir de réponse des autorités
irakiennes. Elle a réitéré en 2001 cette demande, sans davantage recevoir de réponse. La FIDH réaffirme sa
disponibilité à mener une telle enquête.
En l’état, les entraves mises à une évaluation objective sur le terrain ne peuvent que justifier davantage la dénonciation
de la situation des populations irakiennes. Avec pour seul objectif de relayer les appels à l’aide désespérés des victimes,
de toutes les victimes.

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