La défense des défenseurs des droits de l’Homme plus que jamais nécessaire

24/03/2006
Communiqué

Lors de son récent séjour en Tunisie à l’occasion du lancement du rapport annuel 2005 de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Mme Anne-Laurence Lacroix, directrice adjointe de l’OMCT, a pu constater que « en dépit des déclarations du gouvernement et de la libération de certains prisonniers , dans l’ensemble, la situation des défenseurs des droits de l’Homme aurait tendance à s’aggraver en Tunisie. Le traitement indigne réservé à la famille de Me Mohamed Abbou et les violations à l’encontre de M. Ali Ben Salem en sont, hélas, une illustration quotidienne ».

En effet, l’Observatoire dénonce fortement le harcèlement dont continue d’être victime M. Mohamed Abbou, ancien dirigeant de l’Association des jeunes avocats (AJA), membre du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) et de l’Association internationale pour le soutien des prisonniers politiques (AISSP). M. Mohamed Abbou est incarcéré depuis le 1er mars 2005 à la prison de Kef pour avoir publié une tribune sur Internet en août 2004, dans laquelle il dénonçait les conditions de détention en Tunisie.

Le 23 mars 2006, jour de visite, la femme de M. Abbou, Mme Samia Abbou, accompagnée de la mère de son mari et de ses trois enfants, qui n’avaient pas vu leur père depuis deux mois et demi, ont été interdits de lui rendre visite, alors même que la prison de Kef est à plus de 250 km de leur domicile. Aucune explication ne leur a été donnée.

En outre, le 20 mars 2006, Mme Samia Abbou, qui rentrait alors de Genève (Suisse), a été fouillée à son arrivée à l’aéroport, et une photo de son mari, qu’elle porte toujours sur elle, lui a été confisquée.

L’Observatoire rappelle que depuis le 11 mars 2006, M. Mohamed Abbou est en grève de la faim. Il entend ainsi protester contre ses conditions de détention qui se sont aggravées depuis le 2 mars 2006, date à laquelle de nombreuses personnes se sont rassemblées devant la prison de Kef, malgré l’interdiction de la police et la garde nationale (Cf. communiqué de presse de l’OMCT, 15 mars 2006).

D’autre part, l’Observatoire a été informé que M. Ali Ben Salem, vice-président de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT) et responsable de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) à Bizerte, est placé sous résidence surveillée depuis les 9-10 novembre 2005, sans qu’aucun mandat ne lui ait été présenté. Son domicile, qui abrite également la section de Bizerte de la LTDH, fait en effet l’objet d’une forte et constante présence policière.

« Nous sommes extrêmement préoccupés s’agissant de ces faits, et appelons le gouvernement tunisien à respecter ses engagements relatifs aux libertés fondamentales », a déclaré M. Mabassa Fall, représentant de la FIDH auprès de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. En particulier, l’Observatoire demande la libération immédiate de M. Abbou, ainsi que le respect de son intégrité physique et psychologique. L’Observatoire demande également aux autorités tunisiennes de mettre un terme aux actes de harcèlement à l’encontre de la famille de Me Abbou et de M. Ali Ben Salem. Enfin, l’Observatoire rappelle son soutien à la LTDH, ainsi qu’à l’ensemble des organisations non gouvernementales indépendantes en Tunisie.

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